Publié à l'occasion de l'exposition éponyme au Jeu de Paume, Paris, du 16 octobre 2018 au 27 janvier 2019, au CAPC musée d'art contemporain de Bordeaux du 11 octobre 2018 au 24 février 2019, et au Musée Amparo de Puebla, Mexique, du 2 février au 11 mars 2019.
Initiée en 2007, la programmation Satellite du Jeu de Paume est dédiée à la création contemporaine. Depuis 2015, le Jeu de Paume et le CAPC musée d'art contemporain de Bordeaux organisent conjointement ce programme d'expositions, assuré dès sa création par des commissaires d'envergure internationale (Fabienne Fulchéri, María Inés Rodríguez, Elena Filipovic,
Raimundas Malašauskas, Filipa Oliveira,
Mathieu Copeland, Nataša Petrešin-Bachelez, Erin Gleeson et Heidi Ballet, Osei Bonsu).
Pour la 11e édition de cette programmation, le Jeu de Paume et le CAPC musée d'art contemporain de Bordeaux renouvellent leur partenariat et s'associent à un nouveau partenaire, le Musée Amparo de Puebla, Mexique.
Agnès Violeau, commissaire indépendante basée à Paris, est invitée à concevoir cette programmation, intitulée « NOVLANGUE_ ».
Cette édition 2018 se compose des propositions de
Damir Očko,
Daphné Le Sergent et Alejandro Cesarco, engageant la parole publique comme outil d'individuation. Les trois expositions viennent irriguer l'analyse critique d'un monde en contraction de pensée, offrant une hypothèse de réponse aux limites d'un discours formaté, équarri, dépouillé.
À l'ère du
virage numérique et de sa capillarité, alors que même la parole publique, relayée par les
médias, fait usage des réseaux comme d'une agora, la question d'une
langue réduite, formatée, simplifiée refait surface. Cette mutation géopolitique n'est en effet pas sans évoquer un paysage langagier imaginé par la
littérature en 1949. Le novlangue est la langue officielle d'Océania, région fictive inventée par George Orwell dans son roman dystopique
1984. Utilisée dans l'écriture même du récit, cette langue est définie par Wikipédia comme « un principe simple : plus on diminue le nombre de mots d'une langue, plus on diminue le nombre de concepts avec lesquels réfléchir […], moins les gens sont capables de réfléchir et plus ils raisonnent à l'affect. La mauvaise maîtrise de la langue rend ainsi les […] sujets aisément manipulables par les médias de masse tels que la télévision. »
Cette simplification lexicale et syntaxique de la langue rend difficile voire impossible toute pensée critique. Le paradigme du novlangue, réduit à son minimum, fonctionne alors comme un langage-écran construit sur l'affect, l'idéologie, la rhétorique, la régularité absolue. La langue est le point d'achoppement entre vérité et falsification.
Pointant une distance toujours plus courte entre l'information donnée et sa lecture, mais aussi la possibilité nouvelle de naviguer entre les mots et les signes, « NOVLANGUE_ » tente d'ouvrir une cosmogonie du langage, une fabrique de pensée, une forme de résistance par le champ de la langue et de l'exposition.
Figure majeure d'une génération d'artiste prenant les stratégies de l'
art conceptuel par leurs marges, et fils spirituel de
John Baldessari, Alejandro Cesarco (né en 1975 à Montevideo, Uruguay, vit et travaille à New York) partage avec le conceptualisme une attention constante pour la lecture et pour la
relation image-mot. S'intéressant aux structures qui sous-tendent le langage, il en matérialise les traductions, répétitions, incompréhensions et travail de la mémoire. Alejandro Cesarco a représenté l'Uruguay à la Biennale de Venise et a reçu le Baloise Art Prize pour son installation à Art 42 Basel en 2011. Editeur reconnu, Alejandro Cesarco dirige A.R.T Press, avec la collection remarquée
Between Artists.