Cet extrait (1916-1917) du journal de Ball La Fuite hors du temps raconte la naissance de Dada à Zurich, et constitue un contrepoint à la très (trop) célèbre chronique de Tzara (publiée en 1920 dans l'Almanach Dada), colporteur assez exclusif de Dada de 1918 à 1922.
Au-delà des idéologies, Dada est un dépassement et une
transformation (une transfiguration ?). Dans « une
époque fantasmagorique » et
mécaniciste, comment envisager « une
reconstruction solide » ? « Ce que nous appelons Dada
est une bouffonnerie issue du néant (...), un jeu avec
de misérables résidus ; une mise à
mort de la moralité et de l'abondance qui ne sont que des
pauses. » Ball en fut le penseur et non pas l'iconoclaste ou
le propagandiste et il se retire fin 1917.
Loin des illusions contemporaines, Ball cherche un renouveau spirituel qui s'origine dans
l'Église byzantine (Denys l'Aréopagite), les
saints et les mystiques, à travers le romantisme allemand,
Franz von Baader, l'anarchie, Kandinsky, Klee et Léon Blois.
En introduction est publié pour la première fois
en français le manifeste inaugural Dada (14 juillet 1916) de
Ball.
Hugo Ball (22 février 1886, Pirmasens, Allemagne – 14 septembre 1927, San Abbondio, Suisse) est le fondateur du Cabaret Voltaire et du mouvement Dada à Zurich.