Dans ce texte expérimental aux grandes
compositions typographiques colorées, Jean-François Bory se livre à une interrogation sur les commencements et les fins dernières de l'écriture. Au passage, on croise
Apollinaire, Ezra Pound et
Marinetti, c'est toute la modernité du début du XXe siècle qui, dans cette aventure très alphabétique, est placée en abîme.
Cette mini odyssée est pleine de surprises poétiques et d'élégantes facéties dont l'auteur est coutumier. Cependant, une certaine
mélancolie désabusée, à laquelle jusqu'à aujourd'hui cet auteur très moderne ne nous avait pas souvent habitué, donne une profondeur singulièrement métaphysique à ce texte. Un ouvrage-clé par l'un des auteurs majeurs de la poésie visuelle.
Jean-François Bory (né en 1938 à Paris, où il vit et travaille) écrit depuis l'âge de 4 ou 5 ans, comme beaucoup de monde. Il vit une enfance mouvementée en Asie, et fonde, à l'âge de 12 ans, avec des camarades de classe du lycée Hué au Vietnam, une revue littéraire, recopiée à la main en plusieurs exemplaires, intitulée
L'Encrier. Entre 1958 et 1961, il participe à la guerre d'Algérie dans le massif de l'Ouarsenis. En 1962, il reprend des études puis travaille à l'A.F.P.
À New York, en 1968, Bory publie l'une des toutes premières anthologies de
poésie visuelle internationale. Après avoir pris son temps et s'y être préparé, il se débarrasse de toute activité salariée en 1972, à 34 ans, et n'y revient jamais. Au début des années 70, alors que le
dadaïste Raoul Hausmann avait quasiment sombré dans l'oubli, Bory publie
Raoul Hausmann et Dada à Berlin (L'Herne, 1972) et organise la même année, une exposition de cet artiste au Studio Brescia (Italie). Il perd un œil en 1977. Bory a publié dans de nombreuses revues, en a fondé certaines (
L'Humidité,
591) et codirigé d'autres (
Celebrity Cafe,
Approches). Il participe à des lectures, des expositions et des performances à travers le monde.