Le sixième volume des écrits complets de Rémy Zaugg (1982-1993) contient une série de textes parmi les plus influents de l'artiste suisse, dans lesquels il expose des idées fondamentales sur le
musée d'art, en tant qu'outil quotidien permettant la rencontre perceptive entre le spectateur et l'œuvre, dans des conditions architecturales données.
Sans doute, la publication la plus connue de Rémy Zaugg est le petit livre au titre renversant
Le musée des Beaux-Arts auquel je rêve, écrit en 1986, édité d'abord dans une traduction allemande et plus tard dans sa version française originale (aujourd'hui épuisée) ainsi qu'en traductions danoise,
anglaise et espagnole : un petit manuel, un manifeste que l'on pouvait, telle était l'idée de l'artiste, emporter partout avec soi – l'intimité et l'intensité de son étude seraient alors largement garanties.
Dans le contexte des
Écrits complets, le texte se trouve désormais dans le volume 6 parmi une série de textes d'ampleur analogue, qui traitent du sujet essentiel – le lieu de l'œuvre et de l'homme.
« Si l'ancien musée des Beaux-Arts est une agglomération d'œuvres, s'il est un conglomérat d'objets, s'il est une agglutination d'objets rassemblés un à un qui ont fini par constituer un amas, ou un agrégat, en revanche, le lieu de l'œuvre et de l'homme est un processus, il est un ensemble de perceptions, il est un entrelacs de phénomènes perceptifs actifs qui s'organisent dans le temps au cours duquel les identités de l'œuvre et de l'homme se font et se défont. »
Né en 1943 à Courgenay (Jura suisse), Rémy Zaugg est décédé à Bâle en 2005. Artiste majeur, également historien, théoricien et critique d'art, il laisse derrière lui une œuvre complexe (peintures, sculptures dans l'espace public, projets urbanistiques et architecturaux) marquée par une thématique de l'absence, reliée à une théorie générale de la perception.