Cette publication et le projet dont elle découle partent de la notion de
voyage, et explorent plus précisément l'ensemble des perceptions nouvelles et des transformations que celle-ci entraîne. L'artiste y met en parallèle la volatilité de ces phénomènes avec les fluctuations de la météo (dans le cadre du programme « Satellite » organisé par le Jeu de Paume et le CAPC).
Publié à l'occasion de la double exposition éponyme au CAPC musée d'art contemporain de Bordeaux, du 10 mars au 7 mai 2015, et au Jeu de Paume, Paris, du 7 juin au 25 septembre 2016.
Initiée en 2007, la programmation Satellite du Jeu de Paume est dédiée à la création contemporaine. Depuis 2015, le Jeu de Paume et le CAPC musée d'art contemporain de Bordeaux organisent conjointement ce programme d'expositions, assuré dès sa création par des commissaires d'envergure internationale (Fabienne Fulchéri, María Inés Rodríguez, Elena Filipovic,
Raimundas Malašauskas, Filipa Oliveira,
Mathieu Copeland, Nataša Petrešin-Bachelez et Erin Gleeson).
Intitulé « Notre océan, votre horizon », la neuvième édition confiée à Heidi Ballet se propose d'explorer la notion d'identité océanique – un sentiment d'appartenance façonné par une vision du monde tournée vers l'extérieur et axée sur les horizons et au-delà –, en comparaison d'une identité terrestre fondée sur la délimitation d'espaces finis. En réponse à cette proposition,
Edgardo Aragón opte pour la cartographie critique, Guan Xiao se penche sur la transformation et le voyage,
Patrick Bernier & Olive Martin s'intéressent aux conséquences des traversées maritimes dans l'histoire et
Basim Magdy évoque des histoires secrètes de la mer.
Chaque exposition est accompagnée d'une publication imaginée comme une « carte blanche » aux artistes. Conçue dans un dialogue étroit avec un studio graphique renouvelé à l'occasion de chaque édition, cette série d'ouvrages s'offre comme un espace de création autonome au sein de la programmation Satellite.
La démarche de Guan Xiao (née en 1983 à Chongqing,
Chine) s'attache à remettre en cause un dogme du savoir scientifique qui veut que toute chose soit « connue et prévisible ». Elle accorde une importance égale aux objets, aux êtres humains et aux phénomènes, qui, selon elle, varient continuellement, façonnés par l'environnement auquel ils sont exposés. Pour l'artiste, les individus sont affectés non seulement par l'expérience directe, par ce qu'ils ressentent, mais aussi par leur façon de percevoir les choses. Nombre de ses œuvres offrent une restitution visuelle de ce processus de transformation des objets et des personnes, s'inscrivant dans une interrogation permanente des conditions où il s'opère.
Son mode de travail apparente Guan Xiao aux artistes recourant au ready-made, mais elle en réactualise l'approche, faisant dialoguer entre elles les images qu'elle glane sur Internet au gré de ses intuitions. Elle est souvent présentée à tort comme une artiste post-Internet, alors qu'elle ne diffuse pas son travail en ligne, mais utilise plutôt ce support comme une banque d'images pour comprendre comment il transforme l'individu et définit notre compréhension du monde. Pour Guan Xiao, notre identité repose non sur notre situation géographique, mais sur ce que nous voyons et entendons.