La Joconde mérite-t-elle ses moustaches ? Une recension érudite de 180 caricatures et détournements pré- et post-duchampiens.
Si la notoriété de la Joconde doit beaucoup à « l'Illustre Sapeck »,
un des Incohérents, qui, le premier, l'a chargée, elle doit
plus encore à Vincent Peruggia qui, en 1911, l'a volée.
En 1919,
Marcel Duchamp lui ajoute moustaches, barbiche
et ses lettres de gloire, un titre scandaleusement scabreux :
L.H.O.O.Q.
Depuis 1870, on a recensé 180 Jocondes à moustaches
de par le monde – pré- et post-duchampiennes. On les doit
à des caricaturistes du
Monde pour rire, du
Rire et de
Fantasio et à de nombreux artistes, dont
Francis Picabia, Marinus,
Salvador Dalí et Philippe Halsman, Gaston Chaissac,
Lee Miller et Dorothea Tanning, aux amis de Boris Vian,
et
Erró, Jean Boullet, Max Ernst,
Asger Jorn,
Arman,
Jean-Jacques Lebel, Batman, Frank Zappa,
Henri Maccheroni, Thomas James Chimes, Romero Britto,
Bruno Caruso, Marcel Mariën, le collectif Lódz Kaliska,
Susan Herbert,
César,
Huang Yong Ping, Zofia Szalowska,
C. de Moi, Tadanori Yokoo, Eduardo Arroyo,
Subodh Gupta,
Manuel Ocampo et tant d'autres.
Professeur d'histoire de l'art contemporain à Paris-X Nanterre, Régent du Collège de
'Pataphysique
(chaire d'Amôriographie littéraire, ethnographique et
architecturale), Marc Décimo (né en 1958) est linguiste, sémioticien et
historien d'art. Il a publié un vingtaine de livres et de nombreux
articles sur la sémiolologie du fantastique, sur les
fous
littéraires (
Jean-Pierre Brisset
– dont il a édité l'
œuvre
complète aux Presses du réel –,
Paul
Tisseyre Ananké) et sur l'
art
brut, sur
Marcel Duchamp (
La
bibliothèque de Marcel Duchamp, peut-être,
Marcel Duchamp mis à nu,
Le Duchamp facile, les
mémoires de
Lydie Fischer
Sarazin-Levassor,
Marcel Duchamp et
l'érotisme) et sur l'histoire et
l'épistémologie de la
linguistique.