Monographie de référence / premier outil critique complet consacré à l'œuvre du peintre abstrait suisse,
figure majeure du courant néo-géo.
La peinture relève chez
Christian Floquet d'un engagement. Engagement dans une
abstraction rigoureuse dont les puissants résultats visuels s'exposent dans des
toiles aux dimensions souvent monumentales. Engagement à maintenir le tableau
comme outil de vision et comme moyen de prendre langue avec le lieu qui l'accueille
(l'espace, le mur, le volume). Engagement de la peinture dans un devenir
actuel qui passe par l'utilisation d'une géométrie élémentaire, par la composition
en diagonale et par un chromatisme binaire. Toutes ces règles sont ici mises en
pratique sans phrases, sans atermoiements, et, même dans des formats rarement
proposés par l'art actuel, ne nourrissent aucune fascination pour le spectaculaire :
voilà ce que cet ouvrage – le premier outil critique complet consacré à cette
œuvre – permet amplement de vérifier.
L'analyse d'Arnauld Pierre, savante et explicite, propose l'archéologie d'un art dont
les moments déclencheurs (la peinture moderniste, l'abstraction occidentale de la
seconde moitié du XXe siècle, le courant néo-géo et une certaine scène suisse
au tournant des années 1980) n'épuisent en aucune manière les découvertes et
la singularité. C'est que la constance heuristique avec laquelle
Christian Floquet
édifie son parcours est suffisamment puissante et intègre pour ne devoir ses réussites
qu'à la peinture seule, livrée à elle-même : là du fait de son impact visuel
direct. On peut donner d'autres clefs de cette efficacité optique : l'intérêt affirmé
de l'artiste pour la frontalité, la planéité, l'alliance non contradictoire de la géométrie
et de l'émotion, voire de la pulsion. On peut aussi, comme le fait
Arnauld Pierre, en relever simplement la vérité profonde : celle qui repose sur une « morale
de l'engagement doublée d'une forme de sincérité dans l'acte de peindre ».
Arnauld Pierre est professeur en histoire de l'art contemporain à Sorbonne Université et chercheur au Centre André Chastel.
Il a notamment assuré le commissariat des expositions «
Nicolas Schöffer. Espace, temps, lumière » (LAM, Villeneuve-d'Ascq, 2018) et «
Victor Vasarely. Le Partage des formes » (Centre Pompidou, Paris, 2019, avec
Michel Gauthier). Il a publié de nombreux textes sur les sources et l'imaginaire de la modernité, sur les formes excentriques de la perception dans l'
art optico-cinétique et travaille sur l'insertion de la machine dans l'imaginaire anthropologique de la sexualité et de la filiation. Il est membre du comité de rédaction des
Cahiers du Musée national d'art moderne, de la revue
20/27 (2007-2012) et du « Comité
Picabia ».