Herminie Hanin (inventeure du piège à avions, artiste brute et
« folle littéraire » à tendance
paranoïaque) inaugure la collection Les
Hétéroclites, créée par Marc
Décimo, qui explore les rapports de la littérature, des arts
et de la folie à la création.
La vraie vie d'Émilie-Herminie Hanin (1862-1948) consiste à
peindre, à inventer, notamment en 1918 un piège à
avions, à résoudre la question du mouvement perpétuel,
à écrire un livre et un seul, Super-Despotes en 1934, à
ne surtout pas se marier, à défendre le Calendrier
perpétuel qu'avait réalisé son père,
installé dans la Nièvre, à Cercy-la-Tour, à la
faveur de la construction de la ligne de chemin de fer, à vingt-cinq
kilomètres du Château de la Cave, sur la commune de
Beaumont-Sardolles, où Rosa Bonheur vivait.
Elle n'est pas un grand peintre mais ses chèvres eurent quelque
succès, ni un grand écrivain mais un exemplaire de son livre
est à la Bibliothèque Kandinsky à Beaubourg, elle n'a
pas fait de grandes découvertes mais est-on, après tout,
forcé d'admirer tout comme tout le monde ? Elle eut pour maître
William Bouguereau. Elle peignit les animaux aux côtés de
Pompon et des ours. Elle vécut à Nevers et à Paris.
Émilie-Herminie Hanin est une hétéroclite
et certainement une grande paranoïaque, ce qui est déjà
en soi toute une histoire.
Professeur d'histoire de l'art contemporain à Paris-X Nanterre, Régent du Collège de
'Pataphysique
(chaire d'Amôriographie littéraire, ethnographique et
architecturale), Marc Décimo (né en 1958) est linguiste, sémioticien et
historien d'art. Il a publié un vingtaine de livres et de nombreux
articles sur la sémiolologie du fantastique, sur les
fous
littéraires (
Jean-Pierre Brisset
– dont il a édité l'
œuvre
complète aux Presses du réel –,
Paul
Tisseyre Ananké) et sur l'
art
brut, sur
Marcel Duchamp (
La
bibliothèque de Marcel Duchamp, peut-être,
Marcel Duchamp mis à nu,
Le Duchamp facile, les
mémoires de
Lydie Fischer
Sarazin-Levassor,
Marcel Duchamp et
l'érotisme) et sur l'histoire et
l'épistémologie de la
linguistique.