Les correspondances de l'artiste et du collectionneur et homme de lettres : un témoignage unique, qui contribue à la compréhension de tout un pan de l'art du XXe siècle, sur la personnalité de Duchamp, sur ses relations à ses amis, à ses œuvres et sur la lente réception de celles-ci, aux États-Unis et en France.
En décembre 1916, Marcel Duchamp, devenu célèbre outre-Atlantique
grâce à son
Nu descendant un escalier exposé à l'
Armory Show (1913), fait la rencontre de Henri-Pierre Roché, attaché à une mission
diplomatique française aux États-Unis, collectionneur et homme de
lettres, Don Juan très actif. La séduction est immédiate, réciproque.
Marcel sera « Victor », et plus familièrement « Totor », pour Henri-Pierre
qui est le premier des fidèles de Duchamp, et qui garde dès leur rencontre
les
Neuf Moules Mâlic, appelés entre eux
Le Petit Verre, matrice
de
La Mariée mise à nu par ses célibataires, même, l'
opus magnum de
l'artiste.
Après 1919, l'amitié se renforce à Paris, les
Carnets de Roché, quelques
billets, des affaires artistiques et commerciales (en particulier
l'acquisition en commun des
Brancusi de la collection Quinn, l'aventure
des
Rotoreliefs) en témoignent. Cette relation, fidèle, exemplaire, est
transcrite dans une
Correspondance que les circonstances de guerre
après 1940, et le choix de Marcel Duchamp de vivre aux États-Unis,
rendent abondante, précise, familière. L'attention extrême que Roché
porte à l'œuvre de Duchamp, et l'ironie affectueuse de ce dernier,
constituent un témoignage très éclairant des relations de l'artiste à
« ses choses », comme il appelle ses œuvres, et de leur lente réception,
aux États-Unis et en France, après 1945.
Roché conserve à peu près toutes les lettres de son ami. Duchamp (et
son épouse Teeny) seulement celles de Roché postérieures à 1953 –
date à laquelle celui-ci publie son roman
Jules et Jim. Les échanges
sont continus, vifs, drôles, affectueux. Ils préparent parfois des séjours
de Duchamp à Paris. Ils constituent un témoignage précieux, unique,
qui illustre et met en scène sans aucun fard la personnalité singulière
de Marcel Duchamp, cela jusqu'à la disparition de Henri-Pierre Roché
en 1959.
La publication de cette
Correspondance est un apport nouveau à la
connaissance de ces deux personnalités comme à l'histoire d'une
amitié sans faille de plus de quarante ans. Elle contribue à la compréhension
de tout un pan de l'art du XXe siècle.