De la documentation à la création : un ensemble d'essais de diverses personnalités (théoriciens et historiens d'art, artistes,
mais aussi restaurateurs, archivistes, documentalistes et commissaires) et d'entretiens autour des questions de la
documentation dans les pratiques (et les études) artistiques contemporaines.
Depuis les années 1960, la nature éphémère de nombreuses pratiques artistiques, la remise en question de l'œuvre d'art comme objet matériel, l'usage de technologies qui deviennent rapidement obsolètes amènent les artistes et les institutions à documenter les œuvres afin d'en garder des traces et d'en assurer une transmission. Ce livre s'attache à la mutation du statut et des usages de la documentation, et tente d'en mesurer les incidences sur la notion d'œuvre d'art, sur l'écriture des histoires de l'art et sur les pratiques institutionnelles.
Les artistes opèrent souvent un brouillage des catégories artistique et documentaire, nous obligeant à repenser l'opposition traditionnelle entre l'œuvre et sa documentation. Ils explorent des stratégies et des espaces inusités pour diffuser leurs corpus documentaires, et contribuent à l'émergence de nouvelles formes de médiation des œuvres. À travers leur documentation, ils construisent le sens de leur œuvre et en proposent une historicisation, empiétant sur le territoire des théoriciens et des historiens d'art. Quant aux institutions, elles compilent des dossiers documentaires qui tiennent lieu de scripts permettant de réactualiser les œuvres. La diffusion de ces informations sur les réseaux de communication génère de nouvelles problématiques dans les disciplines de l'histoire de l'art et des études muséales.
Douze essais et deux entretiens abordent ces questions à travers l'analyse d'œuvres et d'institutions
singulières : l'
Actionnisme viennois, l'
Art Internet,
Christian Boltanski,
Daniel Buren, Thomas Corriveau,
Fluxus, le Gutai, Eva Hesse, Allan Kaprow, Richard Long, N.E. Thing Co.,
Edward Ruscha,
Robert Smithson, David Tremlett, Steina Vasulka,
Andy Warhol, ainsi que le Berkeley Art Museum, la Fondation Daniel Langlois pour l'art, la science et la technologie, le musée des beaux-arts du Canada, le Guggenheim Museum, le musée national d'art moderne – Centre Georges Pompidou, V2_Institute for the Unstable Media, etc.
« Une pièce majeure dans l'approche et l'exploration du champ de pratiques et d'études de la documentation en art contemporain. »
Gérard Régimbeau, Bulletin des Bibliothèques de France
Anne Bénichou est théoricienne de l'art, professeure à l'Université du Québec à Montréal où elle intervient à l'École des arts visuels et médiatiques ainsi qu'aux Programmes d'études supérieures en muséologie qu'elle a dirigés de 2019 à 2023. Ses recherches portent sur les archives, les formes mémorielles et les récits historiques issus des pratiques artistiques contemporaines et des institutions chargées de les préserver et de les diffuser. Sur ces enjeux, elle a publié
Un imaginaire institutionnel (L'Harmattan, 2013). Elle a dirigé plusieurs ouvrages collectifs aux Presses du réel, sur la transmission des œuvres performatives (
Recréer/scripter, 2015) et sur les nouvelles formes institutionnelles vouées aux pratiques artistiques performatives (
Lieux et milieux des arts vivants, 2024). Elle s'est également intéressée au
reenactment comme phénomène de démocratisation de l'histoire et a fait paraître
Rejouer le vivant (Les presses du réel, 2020).