Qu'attendons-nous de la parole d'un artiste ? Qu'elle nous éclaire sur les méandres et les détails de sa démarche ? Qu'elle nous fasse entrer dans le secret de sa pratique ? Qu'elle crée entre lui et nous un espace de confidence et de complicité qui renforcerait l'impression d'intimité que nous croyons partager avec l'œuvre même ?
Tout cela, Bernar Venet ne vous l'offre pas dans les écrits et les entretiens qui constituent ce volume.
Ce n'est pas le credo des déclarations qu'il rassemble ici sous ce titre –
La Conversion du regard – qui fait synonyme de la pause qu'il s'était imposée entre 1970 et 1976 dans sa pratique artistique et qui fut à l'origine du développement de son travail de « définition » et d'« investigation » théorique.
Certes, B. Venet s'explique dans ces textes, mais avec un strict désir d'extériorité et de rationalité, et tout semble lié à l'affirmation d'une « monosémie » conçue pour chasser l'équivoque et les miasmes de l'expression personnelle.
Mais B. Venet va plus loin encore dans la mise à jour des modalités de la présentation de soi-même et de l'auto-analyse.
En choisissant d'encadrer ses propos de textes de
Thierry Kuntzel et de
Christian Besson, il expose aussi avec une lucidité peu commune quelles sont les limites discursives d'une pratique artistique. Et, du même coup, il propose aussi à son lecteur de penser aux limites du discours critique et historiographique en l'invitant à comparer ce que le premier écrivait en 1975 et ce que le second met en perspective vingt-cinq ans plus tard.
Réédition de l'ouvrage paru en 2000 (ISBN 978-2-940159-19-2).
Conceptuelle, sculpturale et picturale, l'œuvre de Bernar Venet (né en 1941 à Château-Arnoux-Saint-Auban, vit et travaille aux Etats-Unis) se développe depuis près de cinquante ans dans le sens d'une réflexion continue sur l'identité de l'art et les rapports entre expression artistique et savoir scientifique, associant l'incertitude, l'aléatoire et le désordre aux données mathématiques.