Une conversation entre l'artiste suisse, souvent apparenté au mouvement « néo-géo » des années 1980, et le décorateur français se définissant volontiers comme l'un des derniers tenants du « grand goût », documentant une improbable collaboration.
Pendant tout l'été 2008, John Armleder a présenté au
Centre Culturel Suisse de Paris un audacieux projet spécifiquement conçu pour le lieu. Articulant les notions de décor, d'appropriation et faisant appel à l'ornement en tant que dispositif conceptuel, Armleder a imaginé un appartement néo-bourgeois dont il a totalement confié la réalisation, de l'entrée à la salle à manger en passant par la chambre et le salon, au décorateur français de renommée internationale Jacques Garcia, selon le principe de la délégation cher à l'artiste suisse.
Dans cet espace, par essence privé, mais rendu ici public, des laques chinoises et autres savonneries côtoyaient des œuvres de John Armleder, Georges Condo et Helmut Newton.
Le registre créatif de Garcia, qui s'étend du minimalisme zen à la surcharge néo-gothique, de l'exotisme du retour d'Egypte à la folie Napoléon III, s'est ainsi déployé en écho aux « Funiture Scupltures » d'Armleder, à sa pratique d'accumulation et de juxtaposition de styles, et à un univers dont les références s'étendent du modernisme à l'
Op art en passant par la culture folklorique hawaïenne.
Fondateur en 1969 à Genève, avec d'autres artistes proches de
Fluxus, du groupe
Ecart et de la galerie du même nom, John M Armleder (né à Genève en 1948) a développé une œuvre incroyablement subtile et complexe, depuis les performances et installations dans les années 1970 jusqu'aux collages,
compositions abstraites, emprunts explicites à l'histoire de l'art et réutilisations de mobilier (
Furniture Sculpture), qui lui vaudront la consécration dans les années 1980 et le feront figurer en première ligne dans la reconnaissance internationale du courant
néo-géo.