Le CCA conçoit
Le musée ne suffit pas comme une plateforme de réflexion sur certaines convictions et préoccupations qui orientent son activité curatoriale – pourquoi et comment elle fonctionne – et, par extension, sur le rôle des institutions culturelles dans nos sociétés. Affirmer que le musée ne suffit pas, c'est interroger ce qu'un musée devrait être et faire, et suggérer que sa légitimité à centraliser savoirs et significations entre ses murs s'est érodée.
Dans la continuité d'un
premier volume publié en 2019, fondé sur des années de recherches thématiques, ce livre se concentre sur le fonctionnement de l'institution et sur ces enjeux, en questionnant ses outils et ses relations avec les autres.
Le musée ne suffit pas (n° 10-14) rassemble des conversations entre des protagonistes venant des mondes du commissariat d'exposition, de la conservation, de l'art, de l'université et de l'architecture autour de la manière dont les institutions s'engagent dans des contextes, des objets et des perspectives multiples : réflexion sur les stratégies visant à désapprendre et à décentrer les manières établies de voir et de faire ; examen attentif des méthodes de description et de documentation des sources d'archives, tout en interrogeant le tort persistant causée par la séparation des objets culturels de leur contexte ; remise en question de la relation entre les institutions et le « public » ; discussion sur les outils curatoriaux – en particulier le film – qui articulent la recherche et la présentation, l'observation et l'action, l'ici et l'ailleurs.
Ces réflexions partent du constat que l'activité du musée ne peut se construire depuis une position figée. Tant que les questions qu'il rencontre ne sont pas abordées sous un autre angle, il reste difficile de ne pas perpétuer la pensée qui les a suscitées. Cette publication répond à l'urgence de doter l'institution d'outils lui permettant de mieux saisir les évolutions rapides qui l'entourent, et d'assumer l'importance d'exprimer et de discuter de cette instabilité. Ici, le musée se déplace hors de ses murs physiques : il va sur place, échange avec les personnes, tisse des connexions et active des collaborations, et conçoit des conditions favorables à l'émergence de différentes formes de dialogue sur le terrain.