Ce volume rassemble six fables que Lin May Saeed a écrites au début des années 2000 – les seules que l'artiste ait jamais partagées – et qui explorent les questions fondamentales de la coexistence entre les espèces, en conjuguant des considérations scientifiques, éthiques et philosophiques, fournissant par là-même des clés d'interprétation essentielles pour son œuvre.
Publié à l'occasion de l'exposition consacrée à Lin May Saeed à GAMeC, Bergame, en 2024, dans le cadre du projet Thinking Like a Mountain, et de la neuvième édition de la Biennale Gherdëina, The Parliament of Marmots.
L'artiste irakienne et allemande Lin May Saeed (1973-2023) a réalisé des sculptures, des reliefs sculpturaux, des dessins, des œuvres sur papier et des vidéos. Connue pour utiliser des matériaux non traditionnels, tels que le polystyrène, l'œuvre de Saeed est directement liée à son intérêt pour les animaux et à son engagement dans le militantisme pour la cause animale. Son travail traite de l'exploitation des animaux, de leur représentation, de leur libération et de leur relation potentiellement harmonieuse avec les êtres humains, ainsi que de la cruauté égoïste de ces derniers. Les références iconographiques de Saeed sont riches et variées, comprenant notamment la statuaire égyptienne, la sculpture gréco-romaine et les expositions des musées scientifiques et d'histoire naturelle. Saeed était une sculptrice au sens propre du terme. Cela signifie que son travail interroge de manière critique ce que peut être une sculpture, tant sur le plan matériel que conceptuel, et comment elle se rapporte aux représentations tridimensionnelles des ordres de la connaissance. Délaissant généralement les matériaux nobles, tels que le marbre et le bois, elle a été attirée par le polystyrène précisément parce qu'il s'agit d'un matériau essentiellement laid et difficile, qu'elle cherche à racheter esthétiquement, en dépit et à cause de l'impact ruinaux de son utilisation sur la nature. D'une manière générale, son œuvre devient particulièrement pertinente dans le paradigme de l'anthropocène, où la relation entre le soi-disant monde naturel et l'humanité est radicalement réévaluée. Apparemment naïves et immédiatement séduisantes, ses représentations colorées de la vie animale sont néanmoins imprégnées d'une compréhension scientifique de son sujet et visent à la vraisemblance. Il s'agit d'une sculpture dans laquelle les convictions politiques et les considérations formelles et conceptuelles du médium se rejoignent.
