Première monographie d'envergure sur la pratique de Thierry Fournier, avec une documentation abondante sur de nombreuses œuvres récentes et un ensemble de textes et d'entretiens. L'ouvrage est dirigé par Claire Chatelet et Juliette Fontaine.
Les œuvres plastiques de Thierry Fournier jouent avec le langage et le numérique pour questionner les limites de l'humain et de son altérité : une caméra de surveillance qui fait un burn-out, un écran qui interroge le caractère humain de ceux qui le regardent, des photos de violences policières où tous les policiers sont effacés, une machine qui explore à voix haute l'espace qu'il occupe, une tombe qui ne trouve jamais la bonne phrase pour en finir...
Certaines de ces œuvres animent des objets par des comportements, d'autres créent des relations avec le public, d'autres encore détournent des données depuis le web... La plupart suggèrent qu'elles seraient des entités, dotées d'une sorte de sentience. Lorsqu'elles parlent, leurs mots sont familiers et nous pourrions, non sans humour, y reconnaître nos propres faiblesses : la machine serait aussi humaine que nous. L'ensemble reflète une position critique affirmée, où les technologies ne sont jamais mises en œuvre pour ce qu'elles permettraient et encore moins pour un rêve d'immersion, mais pour évoquer
ce que nous en attendons – et ce que cette attente dit de nous, en tant qu'humains.
L'Espace de l'entre constitue une monographie en même temps qu'une réflexion et un dialogue entre l'artiste et plusieurs interlocuteurs·trices autour de sa pratique, en regard d'une sélection de 20 œuvres créées entre 2008 et 2024, abordées à travers quatre thématiques :
entités,
textes et flux,
espaces-temps et
politiques.
Le titre de l'ouvrage est inspiré par la notion de
Zwischenraum de l'historien d'art
Aby Warburg, qui évoque l'espace intermédiaire où les œuvres se déploient, dans un intervalle critique entre le sujet et le monde – un intervalle qui est constamment rejoué dans les œuvres de Thierry Fournier.
L'ouvrage
est co-dirigé par Claire Chatelet, enseignante-chercheuse à l'Université Paul-Valéry Montpellier 3 et Juliette Fontaine, artiste, curatrice et autrice. Il réunit trois textes inédits de Claire Chatelet, du philosophe et chercheur Jean Cristofol et de Juliette Fontaine, ainsi que trois entretiens inédits entre Thierry Fournier et, respectivement : Juliette Fontaine, Franck Ancel, psychanalyste et artiste, et Emmanuel Simiand, psychanalyste, auteur et réalisateur. Les deux derniers entretiens sont modérés par l'artiste et enseignant-chercheur Damien Beyrouthy. Ces textes alternent avec les présentations des œuvres de Thierry Fournier, la plupart permettant en outre d'accéder à des vidéos, via un QR code vers son site.
Thierry Fournier (né en 1960 à Lyon) est artiste, curateur et auteur. Architecte de formation, il est diplômé de l'École nationale supérieure d'architecture de Lyon. Sa pratique aborde des questions d'altérité, de coprésence et de socialité, à travers de nombreux médiums, souvent numériques : installations, œuvres en réseau, photographie, vidéo, dessin... Sa démarche de curateur explore des enjeux analogues, à l'échelle collective. Ses œuvres sont très régulièrement exposées en France et à l'international. Il vit et travaille dans le Perche.
En tant qu'auteur, Thierry Fournier a écrit sur de nombreux artistes et expositions. Il est directeur artistique et co-coordinateur de la revue antiAtlas Journal qui traite des enjeux et des formes contemporaines des frontières. Il a publié en 2023 Au Capa, un lieu d'art à la Maladrerie, Aubervilliers avec Juliette Fontaine et La Main Invisible (Nancy, Empreintes et Digitales). Il est également enseignant. Après avoir codirigé plusieurs groupes de recherche curatoriaux (ENSAD, Ensad Nancy), il dirige aujourd'hui l'atelier d'art contemporain L'Exercice du regard à Sciences Po Paris.
Militant pour de plus justes conditions d'exercice des travailleurs·euses de l'art, il a co-fondé en 2014 puis co-animé le groupe Économie Solidaire de l'Art jusqu'en 2019. Il a co-conçu en 2024 un projet analogue au sein de l'association Hacnum, réseau national des arts hybrides et cultures numériques.