Une contribution majeure du philosophe et historien d'art allemand aux discussions actuelles sur « l'arbre de la vie » dans la biologie évolutionniste, soulignant les enjeux esthétiques et politiques de l'image du corail comme modèle d'évolution anarchique chez Darwin, contre la métaphore traditionnelle de l'arbre.
Le darwinisme a consacré l'image de l'arbre pour représenter l'évolution des espèces. Or, cette image impose une vision hiérarchique et téléologique absente du raisonnement initial de Darwin. Dans une étude scrupuleuse des esquisses du père de l'évolutionnisme, l'historien d'art Horst Bredekamp montre que Darwin a préféré à la métaphore de l'arbre l'image du corail, de ses branches fragiles et de son développement anarchique. Avec les coraux, Darwin a introduit dans sa théorie de l'évolution naturelle une pièce maîtresse issue de la tradition des cabinets de curiosités. Il a ainsi renoué avec une vision ancienne de l'équilibre naturel et lui a ajouté la signification politique associée au XIXe siècle à ces êtres sous-marins : le pouvoir du nombre. La métaphore, au-delà de ses enjeux esthétiques et politiques, n'est pas sans intérêt pour les discussions dont « l'arbre de la vie » fait l'objet dans la biologie évolutionniste.
« Un petit joyau d'intelligence serti dans la solidité de l'érudition et de la
méthode, un livre court, dense, aux sources inattaquables et dont la lecture,
pourtant, communique un sentiment d'évidence sans qu'en soit exclue une
sensibilité délectable. »
Jean-David Jumeau-Lafond, La tribune de l'art
Seconde édition (2022).
Historien d'art et philosophe, Horst Bredekamp (né en 1947 à Kiel) est professeur à l'Institut d'histoire de l'art et de l'image de l'Université Humboldt de Berlin et, depuis 2019, senior co-director du pôle d'excellence Matters of Activity. Auteur de nombreux livres et articles, il a obtenu plusieurs distinctions en Allemagne, dont le prix Sigmund-Freud (2001).