Un projet explorant les sons des glaciers, captés dans les crevasses, les torrents glaciaires ou les replis des moraines à l'aide de micros, hydrophones et capteurs sismiques. Pali Meursault et Thomas Tilly éprouvent aussi les propriétés instrumentales de la glace, manipulée, sonifiée, et dont la fonte inexorable révèle un monde sonore organique et éphémère.
Enregistrements sonores réalisés en 2020 sur les glaciers de Mont-de-Lans, la Girose, Sarenne, la Pilatte et Saint-Sorlin (Oisans-Écrins, France), pour le projet Radio Glaces.
Enregistrements de terrain, glace sonifiée, traitement et ondes sinusoïdales joués en direct par Pali Meursault & Thomas Tilly au Grand Théâtre d'Albi le 4 février 2023, dans le cadre de « L'Expérience du Terrain », un programme du
GMEA.
Pali Meursault est artiste sonore, compositeur, sound-designer, ingénieur du son et enseignant. Sa recherche électroacoustique prend la forme de compositions pour disques, créations radiophoniques, installations ou performances. L'enregistrement de terrain est central dans sa pratique, qui hérite de la musique concrète et explore l'environnement sonore. Depuis plus de 15 ans, il promène ses micros dans des environnements urbains ou industriel, sur des glaciers alpins ou dans la forêt amazonienne. Ses derniers travaux portent sur des environnements industriels et des lieux d'activité laborieuse, font se rencontrer chants d'insectes et champs électromagnétiques ou révèlent l'environnement sonore caché des datacenters. Il est également impliqué dans de nombreuses collaborations, avec des collectifs (TT-Node, Ici-Même…) d'autres musicien·ne·s (Lee Patterson, Frédéric Nogray,
Nicolas Montgermont, Alice Q.…) des performers (Lila Derridj, Manon Quérel…) ou des cinéastes (Lise Fisher, Naïs Van Laer…). En parallèle à ces activités, il enseigne les arts sonores ou écrit sur la musique électroacoustique, les cultures sonores et le radioart. Depuis 2002 il dirige le label Universinternational.
Thomas Tilly est un musicien utilisant le microphone et le haut-parleur comme principaux instruments de création. Centré sur l'étude de l'environnement sonore et sa confrontation avec l'espace dans lequel il existe, son travail emprunte autant à la recherche musicale expérimentale que scientifique. Dans sa démarche, l'écoute reste centrale au détriment de toutes formes de représentations. Ce qui se passe sur le terrain doit être interprété puis transmis à l'auditeur dans des conditions d'immersion totale, la subjectivité de cette restitution résidant dans le sensible plutôt que dans une mise en œuvre technique complexe.
Toujours connectées à l'idée d'un autre « possible musical », ses pièces sonores, diffusions, ou installations, sont les fruits d'études ou la recherche tente de supplanter l'esthétique, c'est l'exposition de l'onde sonore qui est importante. L'implication sur le terrain reste une part importante du processus nécessitant des phases d'écoute, d'observation, puis d'enregistrement. En ce sens, la relation aux espaces naturels, à l'architecture (dont le rôle est prédominant dans le sonore), ou encore à l'urbanisme, deviennent des axes de recherches privilégiés et leur appréhension dépasse souvent la seule pratique de l'enregistrement du son.
La nécessité d'écoute et l'observation du lieu comme postulat à toute création est nourrie par l'idée que l'environnement sonore est bien plus complexe et changeant qu'il n'y paraît, et que son pleine compréhension par l'auditeur ne peut résider dans une relation superficielle. Dans les travaux de Thomas Tilly, tous les outils de captation du son sont utilisés comme des moyens d'écriture, des révélateurs. Captations ultrasoniques, sismiques, hydrophoniques ou aériennes, la méthode employée n'est jamais prétexte au spectaculaire, mais le vecteur d'une appréhension singulière du monde. En ce sens, les représentations publiques sont souvent accompagnées de clefs de compréhension, de discussions avec le public. La médiation, aussi bien menée sous forme d'ateliers, que de conférences ou d'écoutes commentées reste étroitement rattachée à la pratique artistique, la culture de l'écoute et la transmission des esthétiques sonores expérimentales ayant un sens politique et social.
Thomas Tilly a présenté son travail dans plus d'une quinzaine de pays et dans ne nombreux festivals internationaux dédiés aux musiques expérimentales et improvisées : Audible Festival (Paris), Météo (Mulhouse), Bruisme (Poitiers), Electricity (Reims), Avant avant garde (Cracovie), Simultan (Timisoara), Magnetic Traces (Melbourne), Observatori (valence), Synthèse (Bourges), Bridge Festival (Bulgarie), etc. Il s'occupe depuis 2001 du label Fissür et écrit régulièrement sur la phonographie et sur sa propre pratique.