Une personne qui regarde le paysage ou les étoiles depuis sa fenêtre, qui jette un œil sur la couverture des livres dans la vitrine du libraire ou sur le corps des passants dans la rue s'adonne à un art d'agrément sans en faire profession, sans but utilitaire, destiné à son seul plaisir. La réflexion proposée par Jean-Marc Chapoulie sous le titre d'
Alchimicinéma tente de situer l'axe d'observation de l'image en mouvement dans le territoire des mateurs anonymes, des inconnus qui considèrent, comme les hédonistes, que les passions et le plaisir sont naturels à l'homme, des sans-grades qui matent en filmant ou qui filment en matant, naturellement, par passion et par plaisir.
De
Jean-Luc Godard à Jean Nolle, des Frères Lumière à Jojo, entre
electrotyping et Youtube,
Alchimicinéma ouvre grand le territoire du filmeur.
« Pour ma part, je considère le lieu de projection comme un théâtre des événements imprévus. Le spectateur, la table de mixage, l'écran coexistent sur la
même scène. Le dispositif est très simple, proche de celui du conférencier. Tous les éléments sont en interaction directe. Ces conditions de scène obligent à
se plonger dans le présent de l'expérience, moment où le sujet-spectateur fait l'expérience de l'objet-image. Je vis dans l'immédiat. Pas question, pour moi,
de comprendre, mais au contraire de me laisser surprendre, d'être pris par l'image : laisser le sensible s'épanouir et fasciner, éprouver, du fond de ma chair,
la chair de l'image. La scène amplifie ce phénomène d'empathie. »
Jean-Marc Chapoulie
« Une suite d'intuitions
et de démonstrations qui apportent
un regard oblique, généreux et décalé
sur l'usage et la réception d'un cinéma
qui voit large. »
Olivier Michelon,
Vient de paraître
Né en 1967, Jean-Marc Chapoulie, cinéaste et vidéaste, fait partie de ceux qui interrogent le cinéma sous toutes ses formes, depuis de nombreuses années. Commissaire associé à la Biennale d'art contemporain de Lyon en 2000, il y sera invité en tant qu'artiste lors de son édition 2005. Il incarne de fait une figure plutôt improbable, à l'image de son dernier opus – intitulé
TDF06, présenté au Palais de Tokyo – qui sait user d'un montage d'extraits du Tour de France. Il a récemment participé, au titre de commissaire, à l'exposition
Le dernier qui parle au
Frac Champagne-Ardenne. Il collabore à la revue
Fresh Théorie. Il est enseignant à l'École des Beaux-Arts d'Annecy.