Une anatomie écologique, urbaine et architecturale inspirée par le palmier et l'eucalyptus en Tunisie, à travers laquelle Farah Khelil examine la tension entre tradition et modernité postcoloniale et interroge le rôle et la place de l'œuvre, de l'artiste, de l'institution culturelle et du public.
Effet de Serre est un projet de recherche (2012), d'exposition (2021) et de publication (2022), dans lequel l'artiste Farah Khelil s'est engagée à rénover la serre municipale de la ville de Tunis au Parc du Belvédère avec une bourse d'aide à la production artistique. Son approche interroge la définition de l'objet d'art et de l'exposition ainsi que la place de l'artiste dans les institutions culturelles. Ainsi, l'artiste s'émancipe des exigences du marché en orientant une bourse d'aide à la production artistique vers une actions d'intérêt général et de bien commun. Puis, la serre accueille une installation immersive composée d'éléments polymorphes et hétérogènes qui retracent l'histoire architecturale du Palmarium de Tunis dans une dialectique entre eucalyptus et palmier, tradition et modernité postcoloniale.
Les questions ontologiques de l'image et de l'exposition mettent en lumière un système de pensée dualiste et dichotomique qui sépare Nature et Culture, Soi et Autre, Sujet et Objet. Elles permettent une traduction formelle du rapport que l'histoire de l'art entretient avec les conditions matérielles, institutionnelles et culturelles de la construction des images comme effet de surface. Théâtres jardins, bestiaires, musées et serres apparaissent ainsi comme des modèles d'étude adaptés pour l'esquisse d'une critique de la conception de l'image et de son exposition telle qu'elle a été héritée de l'Europe. Richement illustré, Effet de Serre réunit des essais inédits de Clelia Coussonnet, Adnen Jdey, Hedi Khelil et Farah Khelil. Cet ouvrage accompagne et prolonge le projet de recherche et d'exposition éponyme conçu par Farah Khelil en octobre 2021 dans la serre municipale du Jardin des plantes au Belvédère de Tunis. Il dévoile un corpus d'œuvres et de textes produits dans le cadre de ce projet qui prend appui sur une étude de l'histoire du Palmarium de Tunis ainsi que sur la dialectique du palmier et de l'eucalyptus.
Publié suite à l'exposition éponyme au Jardin des plantes, Belvédère de Tunis, en 2021.
Farah Khelil (née en 1980 à Carthage, Tunisie) est diplômée de l'Institut supérieur des beaux-arts de Tunis et titulaire d'un doctorat en arts et sciences de l'art de l'École des arts de la Sorbonne. Polymorphe, son œuvre, à la fois plastique et conceptuelle, puise dans l'intime et dans les lectures philosophiques. Elle met en relation sans hiérarchie plusieurs étapes de son travail et différents processus et matériaux comme livres d'artiste, peinture, photographie, vidéo, dessins et installations. Elle interroge le rapport à l'image, à l'exposition, au langage et à l'histoire.
Depuis 2006, Farah Khelil expose dans des lieux institutionnels, galeries et foires internationales. Son travail a été présenté notamment à la Fondation Fiminco (Romainville), au LAAC (Dunkerque), Cité des Arts (Paris), Fondation Pernod Ricard (Paris), Musée national d'archéologie d'Ombrie (Italie), L'ahah (Paris), Le Cube (Rabat), Transmitter (New York), Handel Street Projects (Londres), Biennale de Venise (Italie), Manart Al Saadiyat Cultural Center (Abu Dhabi), Le Centre Culturel de Cerisy (Normandie).
Nommée pour le Prix AWARE en 2019, elle a obtenu la bourse de l'Arab Fund for Arts and Culture, Goethe-Institut Tunis et du CAORC-CEMAT. Ses œuvres ont rejoint les collections du British Museum, FRAC Poitou-Charentes, FRAC Normandie, Centre des livres d'artistes Limousin et le Fonds d'art contemporain Paris Collections.