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Rêver dans le rêve des autres

Yves Klein - Rêver dans le rêve des autres
Yves Klein pourrait bien être l'un des premiers artistes européens à s'être intéressé explicitement à l'art visuel aborigène. Ce catalogue propose une approche poétique et totalement inédite de son œuvre, mise en perspective avec les travaux de douze artistes aborigènes.
Le titre Rêver dans le rêve des autres est emprunté à un aphorisme de Fernando Pessoa (« J'ai découvert que la lecture est une façon servile de rêver. Si je dois rêver, pourquoi rêver les rêves des autres ? ») cité dans les écrits d'Yves Klein. Mais il évoque naturellement aussi ce « Rêve » fascinant et mystérieux (Dreaming), fondement spirituel de la plus ancienne culture vivante sur Terre, celle des Aborigènes d'Australie.
Le rapprochement de l'œuvre de l'artiste français peut-être le plus marquant de la seconde moitié du XXe siècle et ses homologues des antipodes opère à plusieurs niveaux. Dès les premières présentations publiques des Anthropométries – ces empreintes de corps préalablement enduits de peinture et appliqués à même la toile – on a associé le travail de Klein aux peintures pariétales : le geste de faire une empreinte colorée, de main par exemple, ne remonte-t-il pas à la nuit des temps ?
Mais tout se passe comme si l'engouement pour la Préhistoire avait détourné Klein de ce que l'on nomme les arts premiers : nulle référence, dans son œuvre, à l'Afrique ou à l'Océanie à l'exception pourtant de quelques dessins de jeunesse d'apparence chamanique, conservés dans le fonds des Archives Yves Klein à Paris, et dont les historiens ne savaient jusqu'ici trop quoi penser.
C'est un examen attentif qui a permis tout récemment de les reconnaître comme des reproductions d'œuvres aborigènes, datant probablement du milieu des années 1950, une époque où la culture des premiers habitants de l'Australie était mal connue, voire déconsidérée en Europe. Partant de cet éclairage nouveau, Rêver dans le rêve des autres ambitionne d'ouvrir une voie sensible, poétique vers cette fraternité primordiale des consciences, dont les artistes seuls sont à même de nous révéler les preuves.
Ce catalogue présente le travail d'Yves Klein aux côtés de celui de douze artistes aborigènes (Angkaliya Curtis, Bardayal « Lofty » Nadjamerrek, Bill Whiskey Tjapaltjarri, Danie Mellor, Dhambit Munungurr, Emily Kame Kngwarreye, Ignatia Djanghara, Paddy Bedford, Waigan Djanghara, Wattie Karruwara, Judy Watson, and Paji Honeychild Yankarr), démontrant que le lien entre l'artiste français et le monde des aborigènes australiens est tout sauf fortuit.
Publié à l'occasion de l'exposition éponyme à la Fondation Opale, Lens, de décembre 2022 à avril 2023.
Yves Klein, né en 1928 à Nice, avait pour première vocation d'être judoka. En 1954, il se tourne définitivement vers l'art et entame son « Aventure monochrome ».
Animé par l'idée consistant à « libérer la couleur de la prison de la ligne », Yves Klein se tourne vers la monochromie car c'est pour lui la seule manière de peindre permettant de « voir ce que l'absolu avait de visible ».
Privilégiant l'expression de la sensibilité plus que la figuration dans la forme, Yves Klein va au-delà de toute représentation artistique et conçoit l'œuvre d'art comme la trace de la communication de l'artiste avec le monde. C'est la réalité invisible qui devient visible. Ses œuvres sont « les cendres de son art ».
L'œuvre d'Yves Klein révèle une conception nouvelle de la fonction de l'artiste. Selon lui, la beauté existe déjà, à l'état invisible. Sa tâche consiste à la saisir partout où elle est, dans l'air et dans la matière. Yves Klein a fait de sa vie tout entière une œuvre d'art : « L'art est partout où l'artiste arrive. »
Dans sa quête d'immatérialité et d'infini, Yves Klein adopte le bleu outremer comme véhicule. De ce bleu plus que bleu, qu'il nommera « IKB » (International Klein Blue), irradie une vibration colorée qui n'engage pas seulement le regard du spectateur : c'est l'esprit qui voit avec les yeux.
De ses monochromes, au vide, à la « technique des pinceaux vivants » ou « Anthropométrie », jusqu'à l'emploi des éléments de la nature afin de manifester leur force créatrice ou de l'or qu'il utilise comme un passage vers l'absolu, il a conçu une œuvre qui traverse les frontières de l'art conceptuel, corporel et du happening.
Juste avant de mourir, Yves Klein confie à un ami : « Je vais entrer dans le plus grand atelier du monde. Et je n'y ferai que des œuvres immatérielles. »
Entre mai 1954 et le 6 juin 1962, date de sa mort, Yves Klein aura brûlé sa vie pour réaliser une œuvre flamboyante qui a marqué son époque et qui rayonne encore aujourd'hui.
Textes de Georges Petitjean, Wally Caruana, Didier Semin, Kim Akerman.
 
paru en février 2023
édition bilingue (français / anglais)
20 x 27 cm (relié)
224 pages (ill.)
 
55.00
 
ISBN : 978-88-6749-561-0
EAN : 9788867495610
 
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