Édito
Le dessin en marche
« Le monde m'apparaît comme un labyrinthe. Je veux y trouver
mon chemin et c'est en dessinateur que je dois le faire. »
Alfred Kubin (1)
Nous dessinons tous, souvent de façon abstraite, presque malgré nous. En premier
lieu nos déplacements, nos déambulations, nos gestes, créent une forme, figurent
un dessin. Si nous superposions ces traces les unes sur les autres tels des calques,
le résultat pourrait être un enchevêtrement de courbes, des lignes à l'organisation
surprenante ou d'une grande confusion.
Dessinons-nous toujours, sans même nous en rendre compte et sans y mettre
une intention ? C'est justement celle-ci, l'intention, qui change la donne : elle va
définir un dessin. Les choix déterminent ce qui se passe sur et en dehors de la
feuille. Tout comme le « résultat », le processus de travail ou le chemin pour aller
vers un dessin est capital. Il est même, parfois, l'œuvre.
Entre les lignes, ce troisième numéro de
Roven nous parle aussi de cela, du
cheminement qui fait déjà partie d'un travail, qui le porte, l'aide ou définit son
devenir.
Johana Carrier et Marine Pagès
1. Alfred Kubin, Le Travail du dessinateur, Paris, Allia, 2007, p. 44.