Pour un architecte c'est forcément déstabilisant : une structure incertaine qui procède par
accumulation, un matériau unique et pauvre qui vient s'accrocher sur un mur noble. Enfin,
une forme sans fonction véritable, une sorte d'emballage parasitaire qui tout à coup prend
le dessus sur l'architecture d'origine.
Le travail de Tadashi Kawamata est subtil et indécent à la fois, il présente au visiteur une
subversion, révolte de l'instable sur le fixe ou plutôt, du suggéré sur l'établi. Cette façon de créer
sur et avec, en forçant les perspectives reconnues est terriblement efficace car elle ne laisse pas la
place à la nostalgie ou à l'histoire ; elle est envahissante.
À Versailles Tadashi Kawamata a entraîné avec lui une centaine d'étudiants qui en usant de la
même stratégie, se sont retrouvés au pied du château avec des milliers de cagettes pour un assaut
architectural incertain. Les résultats ont été incroyablement stimulants, montrant les possibles et
les doutes face à ces bâtiments majestueux, mais surtout ouvrant de nouvelles pistes de conception
audacieuses qui se fondent sur la légèreté.
Au centre d'art de la Maréchalerie Tadashi Kawamata se confronte au vrai-faux Mansart, le
petit pavillon central des écuries, placé très exactement dans les axes royaux, mais dont les façades
et l'intérieur sont des reconstitutions, voire des inventions, mêlant des morceaux disparates de
l'ancien manège.
Dans ce contexte singulier, l'œuvre de l'artiste est mise en scène et en péril, mais son immense
talent crée une nouvelle magie des lieux.