Difficile de revenir en quelques phrases sur dix-huit années de Son du grisli, site Internet consacré aux « musiques qui changent de l'ordinaire » qu'il faut aujourd'hui, 18 ans obligeant, laisser partir. Le plus simple, encore, était de publier un florilège des chroniques de disques, portraits et interviews de musiciens, réflexions de quelques-uns de ces mêmes musiciens, comptes-rendus de concerts… publiés entre 2004 et 2022.
C'est sous la couverture de ce qui aurait dû être (et qui, finalement, est) le sixième numéro papier du Son du grisli – cinq numéros parurent entre 2016 et 2020, qui prolongèrent une première expérience de photocopiage de hors-séries – que paraît donc ce florilège, cette anthologie. Tout Le son du grisli n'y est pas, bien sûr, mais nous promettons au lecteur inassouvi qu'il conservera l'accès à l'intégralité des textes en ligne.
Pour ce qui est de notre anthologie, qui débute avec De Motu, fameux texte d'Evan Parker, sa drôle de forme mérite explication : The Snake Decides, clamait le saxophoniste en 1986, alors notre anthologie va serpentant. D'un musicien à l'autre, quand ce n'est pas d'un thème à un autre : ainsi quand, dans un texte, un nom apparaît « en gras », celui-ci se verra à son tour consacré dans un ou plusieurs textes à suivre, qui feront apparaître de nouveaux noms « en gras », qui se verront à leur tour consacrés… Ce sont ces périlleux passages de relais qui auront créé cette anthologie serpentiforme, ou ce serpent d'anthologie. Peu commun – un grisli qui accouche non d'une souris mais d'un serpent, avouez –, peut-être pas toujours facile à suivre, mais, nous l'espérons, prodigue de surprises, voire de découvertes.
Guillaume Belhomme