les presses du réel

Les confidentsLes chaises-poèmes du Jardin du Palais-Royal

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Il y a une raison objective et irréfragable à la nécessité de la présence de la poésie dans l'espace public, donc rappelée à la conscience de tous, c'est cette évidence, que nul ne saurait nier de bonne foi, qu'une part substantielle de l'humain, outre sa capacité à la pensée abstraite, au langage conceptuel et à l'invention technique, relève de ce que justement manifeste la poésie, une quête de l'absolu de la vie qui renvoie à leur misère les quêtes de l'avoir, du pouvoir et du paraître. Dénier ou oublier cette part, c'est perdre une part substantielle de notre humanité. L'affirmer dans la cité par la preuve du poème qui en est un sûr diapason, c'est en conséquence objecter, avec insolence s'il faut, aux multiples processus de déshumanisation à l'œuvre dans nos sociétés et proposer à tous les moyens de cette objection. C'est restituer à chacun la part manquante de son existence, celle du désir, du chant et du souffle, c'est le relier à quelque chose comme le battement du cœur universel dont la langue vibrante des poèmes porte mystérieusement l'écho. Car il suffit d'entendre dans le bruit accablant de nos temps frénétiques, comme par effraction, la voix nue et intense du poème pour retrouver en soi comme une confiance rajeunie, sans plus l'oppression des fonctions, des rôles et des besoins, sa propre part d'humanité perdue.

Jean-Pierre Siméon


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