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Edito
Ficton(s)
(p. 2)
Fantasme qui permet d'avancer, désir d'accomplissement.
Fragments d'une mémoire faillible et de pulsions invincibles. Eclair. Révélation.
Fiction(s) est ce qui nous préserve. De l'Autre, du mal qu'on inflige
et de la culpabilité qui en découle.
Amoureux de l'amour cherchent réconfort dans la chair de leurs pairs pour se plaire.
Fiction - Fictions - Fabulation.
Rêves inavouables, inconscient qui rechigne. Inhibitions.
Dans fiction(s), désir demeure stable. Insatiable.
Réalité subjective. Recherche du plaisir absolu, illimité, infini. Ek-stase. Retour à soi.
Des histoires rapides. Des épisodes. Construits en actes, pour soi. Saturation.
On en prend plein la gueule.
C'est l'histoire d'une vie. Celle que l'on passe à effleurer du doigt
la satisfaction factice de la jouissance pour nous voir l'instant d'après, déjà,
en quête d'une nouvelle passion à assouvir.
L'horreur du désir, c'est d'avoir à l'accomplir.
Envies de séduction, de possession. Immédiates. Coquille vide, objet convoité
sans substance ni contenance. Des caresses comme désir d'annuler la contingence de mon être.
Nécessité de l'extase. De cette extase. Objet consommé, éros envolé.
Je brise ton cœur en m'ouvrant la voie d'un autre cul. Et inversement.
On se la rentre, on se la sort, pour au bout du compte n'être appelé qu'à fureter ailleurs.
Substituts transitoires et symptomatiques.
Folie qui s'alimente seule. Ou à plusieurs. Fiction mutuelle lorsque désir réciproque.
Maîtrise du coefficient d'aliénation. ÇA flotte.
Construire et cristalliser sur l'Autre un réceptacle. Éros comme moitié séparée de nous-même.
Le film doit durer, jusqu'au cimetière. Sinon, avant, tu décompenses.
On vient te chercher, on t'emmène te reposer.
C'est sournois.
Ce cahier s'adresse à qui frissonne à l'idée qu'il puisse enfin se passer quelque chose d'excitant.
Une fiction bien tangible, qui nous bouleversera encore au moins une fois,
nous rapprochera du monde, de sa vérité. Illusion de penser qu'une fois indétectable,
il ne pourra plus rien nous arriver. Que plus rien ne pourra nous arrêter.
Nec spe, nec metu.
Sur le fil, on joue l'équilibriste en attendant que le réel nous rattrape.
Fiction(s) ; c'est être acteur de sa vie en attendant la mort.
Clément Gagliano