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L'imaginaire est une force politique. De nombreux auteurs, penseurs, philosophes l'ont démontré. Edgar Morin entre autres, a étudié comment les imaginaires sociaux pouvaient enrichir et organiser la réalité; une sorte de boucle de rétroaction comme l'a montré Simondon avec son concept du milieu associé : l'individu est couplé à son entourage direct, qui agit sur lui en retour. Mais notre pensée se doit d'opérer une rupture avec le concept d'individu issu de la rencontre d'une forme et d'une matière. Il ne s'agit plus uniquement de prise de form e mais parfois aussi de transmutation, pour rendre compte de ces passages entre matière inerte et matière vivante. Le mythe de la métamorphose, structure invariante de l'imaginaire humain, pourrait en être l'un des supports. Midas ne transforme-t-il pas en or tout ce qu'il touche? Daphné devient laurier-rose pour échapper aux poursui tes amoureuses d'Apollon et Pygmalion voit sa sculpture prendre vie après en être tombé amoureux...
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Les images propres à soutenir une telle dynamique seront d'autant plus fortes qu'elles frayeront avec d'étranges manifestations du sacré, si on le défini selon Roger Caillois comme « Ce qui donne la vie et ce qui la ravit ». Une materia prima commune, éminemment collective, nous dit Durkheim. Notre société a progressivement fait passer les deux notions de Progrès et de Modernité du coté des idéologies à dépasser... et il ne peut plus être question d'humanisme : le transhumain s'y engouffrerait et prendrait toute la place. Partons donc sur d'autres chemins de l'imaginaire pour y trouver la voie de nos mythologies et de nos mythes métamorphosés capables de nous apaiser.