Edito
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24 ans déjà que R&C questionne les musiques expérimentale, improvisée, écrite,
électroacoustique, la radiophonie, le cinéma expérimental, la poésie sonore… et
se conçoit comme un recueil des pensées expérimentales en action. Ce collectage
de paroles et cet assemblage de textes cherchent à interroger ces pratiques autant
au niveau social qu'esthétique. L'isolation n'existe pas, tout est perméable.
Alors on peut comme Ray Brassier,
Jean-Luc Guionnet,
Mattin et Seiji
Murayama discuter de l'acte d'improviser car finalement, oui, la question se
pose. Rien n'est acquis, ou rien ne devrait l'être. Et en écho aux lettristes — on
pense par exemple à Maurice Lemaître — on peut se demander si ce n'est pas
cette réflexion, sous la forme d'une suite de paragraphes, qui deviendra l'objet
musical.
D'un autre côté, chez le collectif Wandelweiser, c'est le dépassement du musical
qui est interrogé à chaque composition dans une écoute du silence en écho à
John Cage et sa pièce
4'33”. Un presque rien, un moins que moins, qui accapare
notre écoute et nous amène à nous poser la question du pourquoi, puisqu'il
n'y a musique qu'à travers notre oreille et notre entendement, sommes-nous
incapables d'écouter sans intermédiaires ?
Thomas Tilly agit justement comme ce lien entre la vibration et notre entendement.
Il ausculte la matière même pour en extraire des pépites sonores qu'il
partage sans avarice.
Et pour finir, Joris Guibert continue sa dissection de la vision. Après l'entrée
dans l'image, se pose la question de la réception. Et c'est le cinéma même qu'il
interroge.
Bonne lecture.