Le terme de « friche » est récemment venu au monde de l'art – lieu alternatif, espace intermédiaire, site abandonné où se produisent des formes artistiques nouvelles. C'est sur ce modèle quelque peu paradoxal (la friche tire sa vitalité des ruines) qu'il faut comprendre nos rapports avec l'art africain. De par son caractère auto-référentiel, l'art contemporain occidental serait dans une impasse. Face à ce délitement, le métissage, le recyclage, le mixage des cultures apporteraient la solution miracle et l'Afrique serait ainsi une source majeure de régénération de l'art occidental. Oui, mais de quelle Afrique parlons-nous ? Il s'agit moins ici de réfléchir aux qualités proprement esthétiques de l'art africain que de délimiter, à travers celui-ci, la place qu'occupe l'Afrique dans notre imaginaire. Art « premier » ? Art « classique » ? Art « contemporain » ? L'art africain apparaît comme ce lieu stratégique d'interlocution – y compris dans ses malentendus – entre l'Occident et l'Afrique.
« En étudiant les pratiques artistiques aujourd'hui catégorisées comme "art africain", Jean-Loup Amselle met en lumière l'imaginaire empreint de néocolonialisme qui se joue derrière cette appellation. Dans cette nouvelle édition révisée et augmentée, assortie d'une préface inédite et de sept articles annexes, l'anthropologue africaniste ouvre un espace de discussion décisif à plusieurs titres. [...] L'ouvrage de Jean-Loup Amselle nous invite finalement à réviser nos catégories les plus ancrées en matière esthétique, en s'interrogeant sur leurs origines et leurs promoteurs. »
Christian Ruby, Nonfiction
Jean-Loup Amselle (né en 1942 à Marseille) est un
anthropologue et ethnologue africaniste. Directeur d'études émérite à l'EHESS, ancien rédacteur en chef des
Cahiers d'études africaines, il est l'auteur de nombreux ouvrages sur l'ethnicité, le métissage, le multiculturalisme et le
post-colonialisme, publiés aux éditions Maspero, Anthropos, La Découverte, Payot, Flammarion, Stock, Lignes, Albin Michel, etc.
