Une enquête transnationale et transhistorique menée au cœur des pratiques muséales et artistiques entre la France et le Sénégal dans les années 1950 à 1970, qui s'inscrit dans le champ d'une histoire mondialisée de l'art et invite à décentrer les regards pour envisager l'histoire de l'art de ces années à nouveaux frais.
Si l'histoire des rapports entre Paris et New York est bien connue, celle des relations entre Paris et Dakar l'est beaucoup moins. Entre la France et le Sénégal, la circulation des objets, des artistes et des idées atteste des rapports de force qui agitèrent la scène artistique dans les années 1950 à 1970, marquées par le processus de décolonisation et la guerre froide. De l'élaboration d'un art moderne national au Sénégal, à la contestation de la politique de coopération mise en place entre les deux pays, des expositions « Picasso » ou « Soulages » organisées à Dakar dans les années 1970, à l'exposition d'art contemporain sénégalais organisée à Paris en 1974, une géopolitique des arts se mettait en place, au cœur de laquelle plasticiens et cinéastes jouèrent un rôle actif.
Transnational et transhistorique, cet ouvrage s'inscrit dans le champ d'une histoire de l'art mondialisée, et invite à décentrer les regards pour envisager l'histoire de l'art de ces années à nouveaux frais. Il permet également de repenser l'historiographie communément admise au sujet de la globalisation de l'art contemporain, en démontrant que « tout » ne commence pas dans les années 1990.
« Un livre édifiant revient sur cette période cruciale que fut la "décolonisation".
Maureen Murphy propose d'entrée de jeu d'en repenser l'approche : [...] elle souligne la nature trompeuse de ce terme "comme si l'Europe avait un beau jour décidé de rendre à leur destin des peuples qu'elle avait soumis". Elle l'envisage plutôt comme un acte de résistance et d'émancipation mené par les Africains eux-mêmes, ce qui les situe sur un pied d'égalité avec les acteurs européens. C'est sous cette focale plus juste qu'elle traite un sujet encore peu exploré, celui du rôle joué par les artistes dans le processus de décolonisation. [...] En démêlant les liens complexes et les rapports de force unissant les acteurs de ce moment charnière, Maureen Murphy interroge
aussi la façon dont s'est construite l'idée d'un art africain
contemporain. »
Daphné Bétard, Beaux Arts Magazine
« Indépendance ne signifie pas décolonisation : jusqu'au milieu des années 1970, la France a pesé sans nuances sur la politique culturelle du Sénégal. Du grand musée d'art « nègre » aux échanges d'œuvres entre les deux pays, en passant par les expositions et les centres culturels français, Maureen Murphy traque les persistances du colonialisme sur fond de diplomatie d'influence. »
Olympe Lemut, Le journal des arts
« Maureen Murphy traite habilement la question [de la décolonisation du continent Africain], elle y apporte une perspective nouvelle en "inversant le regard" et en "repensant l'idée d'art moderne". »
Lauriane Chonchon, Critique d'art
« Maureen Murphy [...] livre dans cet ouvrage très rigoureux et documenté, enrichi d'une bibliographie très complète, de quelques illustrations très pertinentes et d'un index utile, une analyse très profonde et stimulante des relations culturelles entre la France et le Sénégal dans le domaine des arts plastiques au cours de la période de la décolonisation. [...] Par la qualité du matériel rassemblé et l'extrême intelligence et la subtilité de la présentation des débats intellectuels autour des artistes sénégalais, ce livre mérite d'être inscrit au premier rang des ouvrages à lire pour penser l'art africain. »
Yves Marek, Bibliothèque de l'Académie des sciences d'outre-mer