Les différents aspects de l'œuvre de Marcel Mariën (1920-1993) – membre du groupe surréaliste de Bruxelles, passeur entre le surréalisme de Belgique (dont il fut le premier historien) et la génération d'artistes belges contemporains active à partir des années 1970, poète, créateur d'images, éditeur, théoricien et activiste politique, complice de René Magritte et de Guy Debord.
Marcel Mariën n'est guère connu hors de Belgique, où il passe – ce qui ne vaut guère mieux – pour l'un des « seconds couteaux » d'un mouvement, le surréalisme, depuis longtemps digéré par l'histoire et le marché de l'art. Pourtant, à mettre de côté ce qu'on croit savoir du surréalisme en question, et les hiérarchies qui ont cours dans une histoire de l'art trop souvent soucieuse d'édifier – et de vendre – des monuments, ce qu'on découvre ne manque pas d'intérêt. Poète, collagiste, créateur d'assemblages, éditeur, photographe, cinéaste, penseur politique, moraliste surtout, de ceux qui pourfendent toute forme d'illusion, Marcel Mariën est l'auteur d'une œuvre dont on ne sait exactement dans quelle mesure il convient de la qualifier d'artistique, mais qui peut toujours – et c'est bien là ce qu'il voulait – produire quelqu'effet : perturber le cours normal, trop normal, des pensées, des sentiments, de la vie.