Un ouvrage hybride, entre monographie d'artiste et essai collectif, issu d'une exposition de Dominique De Beir explorant la notion de trouer, creuser la matière.
Ruminatio fait suite à l'exposition Ruminatio / Dominique De Beir qui s'est tenue à l'Espace Camille-Claudel à Amiens du 20 novembre 2020 au 30 janvier 2021. En raison de la crise sanitaire et du confinement qui s'en est suivi, cette exposition n'a jamais pu ouvrir ses portes au public.
Ruminatio est une trace éditoriale de ce moment confiné. Plusieurs rencontres ou tables-rondes furent programmées durant l'exposition ; aucune ne put se tenir. Ici, les intervenants pressentis livrent leur regard sur l'œuvre de Dominique De Beir ou sur leur rapport à l'action de creuser, de trouer, geste caractéristique et récurrent de l'artiste (l'ouvrage est d'ailleurs lui-même physiquement troué à l'emporte-pièce).
Entre monographie d'artiste et essai collectif, les auteurs témoignent de l'acte de creuser dans leurs pratiques professionnelles (artistiques, chirurgicales, géomorphologiques, esthétiques) et des liens avec le travail plastique de l'artiste Dominique De Beir.
Née en 1964, Dominique De Beir vit et travaille à Paris et en Picardie maritime. Le point est la pierre angulaire de son travail. Le point comme une écriture et comme une percée, pris dans une gestuelle répétitive. Le point tout à la fois précis et hasardeux. Il est le geste minimal qui construit un ensemble. En creux ou en relief, il est la marque unique d'une force appliquée à la surface. Le point est un trou qui pique, perce, érode les supports de prédilection de l'artiste : les matières « pauvres » telles que le papier, le polystyrène, le carton etc. Il est aussi l'entité de base d'une écriture singulière : le braille. Dominique De Beir utilise le point selon ces deux acceptions : accroc et caractère. En parallèle à l'élaboration d'installations et de peintures, Dominique De Beir assemble des planches dessinées en cahiers et étend son geste de scarification et de retournement de la matière à différents registres récupérés. À partir d'un travail sur les niveaux de l'image se développe ainsi progressivement une réflexion sur les glissements entre dessin et écriture, voir et non-voir, plein et vide, surface et profondeur. Par différentes marques portées sur et dans le support, les cahiers déploient un système de répétition et de dédoublement. Les perforations démultipliées avec frénésie sont une volonté de désarticuler le réel, de le dupliquer et d'essayer de jouer avec son envers.