Les numéros 35 à 37 de la revue critique consacrée au graphisme.
nº 35 — Un œil : le regard des artistes
sur le monde moderne 1911-1938.
Auteure : Sonia de Puineuf
Dans la production graphique des artistes modernes apparaît de façon récurrente l'image de l'œil. Celui-ci est souvent traité comme motif autonome, détaché du reste du visage, de surcroît combiné aux inscriptions et signes typographiques. Ces œuvres sont alors à comprendre comme une mise en scène (ou mise en pages) du regard.
De l'affiche pour l'Exposition internationale de l'Hygiène à Dresde dessinée par le Munichois Franz von Stuck (1911) à la couverture du livre
Écriture et photographie dans la publicité photo-montée par le Tchèque Zdeněk Rossmann (1938), en passant par l'iconoclaste
L'Œil cacodylate de Francis Picabia (1921) qui est une peinture sans peinture, ce riche corpus témoigne d'une évolution notable de sensibilité au sein de l'avant-garde et d'un questionnement sur la justesse de la vision de l'artiste confronté aux évolutions technologiques du monde moderne.
nº 36 — La photographie suspendue :
Herbert Bayer.
Auteur :
Remi Parcollet
La tendance consistant à spatialiser la photo-graphie, et plus spécifiquement la photographie documentaire, s'affirme clairement en 1951 à travers les expositions :
The New Landscape de György Kepes au Massachusetts Institute of Technology,
Architettura, misura dell'uomo (IXe Triennale de Milan) d'Ernesto N. Rogers, Vittorio Gregotti et Giotto Stoppino, et en 1953
Parallel of Life and Art à l'Institute of Contem-porary Art (ICA) de Londres. Les documentations de ces trois « displays » jouent un rôle essentiel sur l'évolution des modes de monstration de la photographie. Elles viennent, comme celles des expositions du MoMA mises en espace par Herbert Bayer,
Road to Victory et
Airway to Peace, alimenter la réflexion qui se développe magistralement dans l'ouvrage
Display de George Nelson, publié en 1956.
Bayer conçoit l'exposition moderne à partir des principes de la
New Vision, selon lui elle ne doit pas tenir le spectateur à distance mais l'accompagner et l'englober. En 1961, il compile ses idées sur la conception des expositions dans un article, Aspect du design des expositions et des musées, et prend pour référence l'exposition de l'Obmokhou à Moscou en 1921, où il observe à travers sa documentation visuelle « qu'une élimination radicale de l'inessentiel a eu lieu » résultant d'une recherche de la légèreté et de l'apesanteur avec un minimum d'utilisation de
matière. Il considère alors qu'il faut : « éliminer tous les éléments, structurels et autres, susceptibles de nuire ou d'interférer avec les images elles-mêmes. La solution ultime de ce train de pensée serait l'affichage créé sans aucun effort matériel ou support visible, placé en l'air […] ».
nº 37 — Un polygraphe : George Nelson.
Auteure : Catherine Geel
George Nelson (1908–1986), designer
fonctionnaliste américain aux créations lisses, mais aux manifestations, textuelles et visuelles complexes est un cas particulier du modernisme américain, ce que suggèrent les titres de ses productions :
A Problem of Design: How to Kill People (1960),
Requiem (1960) ou
Elegy in the Junk Yard (1961) indiquent. Pourquoi malgré une production écrite considérable, Nelson n'est-il pas identifié comme critique ou écrivain ?
Faire – Regarder le graphisme est une revue critique bimensuelle consacrée au
design graphique, qui paraît en librairie au numéro ou sous la forme de recueils de plusieurs numéros. Editée par
Empire, la maison d'édition du studio
Syndicat, elle s'adresse aussi bien aux étudiants qu'aux chercheurs et aux professionnels, en documentant les pratiques contemporaines et internationales du graphisme ainsi que l'histoire et la grammaire des styles. Chaque numéro propose un sujet unique et tentaculaire, traité par un auteur reconnu.
« Les revues critiques dédiées à l'analyse du design graphique sont malheureusement trop peu nombreuses aujourd'hui, particulièrement en France mais aussi en Europe. Engagés dans une posture analytique et critique des formes et activités du graphisme, Sacha Léopold et François Havegeer souhaitent mener une revue imprimée sur ces pratiques, en agissant avec sept
auteurs (Lise Brosseau, Manon Bruet,
Thierry Chancogne, Céline Chazalviel,
Jérôme Dupeyrat, Catherine Guiral et Étienne Hervy). Ce choix restreint, lié à la volonté de proposer une expérience au sein d'un groupe ayant déjà mené des projets communs, permettra d'inclure des auteurs internationaux la deuxième année. »