A String of Paper Cranes Clenched between My Teeth (vinyl LP)

Parmi la génération des musiciens qui ont grandi dans le Japon de l'après-guerre, Kazuki Tomokawa est un pionnier de l'individualisme radical, avec un son marqué par une intimité troublante et une honnêteté criante. Dans son troisième album, A String of Paper Cranes Clenched between My Teeth, publié par Harvest Records en 1977, Tomokawa se tourne « de plus en plus vers l'intérieur », comme l'écrit Kiichi Takahara dans le texte d'introduction original du disque – adoptant une attitude répandue parmi les musiciens de l'époque qui interrogeaient le prosaïque comme le profond, évitant la politique et la société en faveur d'une « attitude de confinement total de soi ».
Tomokawa a enregistré l'album en un mois, du 24 août au 25 septembre 1977, dans le célèbre studio Onkio Haus de Tokyo, dans le quartier animé de Ginza. Les arrangements, en conséquence, sont intensifiés : associé au Black Panther Orchestra, le chant de Tomokawa, « philosophe hurlant », trouve sa place dans la formation avec la guitare électrique, la basse, le piano, le tuba et la batterie à fond de train jouée par Toshi Ishizuka, du groupe Brain Police, qui apparaît sur les trois premiers albums de Tomokawa et reste son collaborateur à ce jour. « C'est Kazuki Tomokawa en chair et en os », conclut Takahara. A String of Paper Cranes Clenched between My Teeth est, à la manière étrange de Tomokawa, capable de couper à travers les façades et les artifices à la recherche de la vérité. « Vous appelez ça la vie ? », lance Kazuki Tomokawa, exaspéré par le nihilisme théâtral de la contre-culture juvénile, « essayez de dire que vous êtes en vie ! ».