Réédition vinyle de l'album séminal de Kazuki Tomokawa (1975), ayant fait connaître l'une des voix les plus singulières de la scène musicale japonaise d'après-guerre.
À l'âge de vingt-cinq ans, alors qu'il travaille à temps partiel dans un restaurant italien du quartier de Kamata à Tokyo, Kazuki Tomokawa sort son premier disque, intitulé à juste titre
Finally, His First Album. Bien qu'il ait déjà écrit des centaines de chansons, dont son premier single
Try Saying You're Alive, écrit lors d'un long voyage en train à travers les champs et les rizières, c'est cet enregistrement qui a fait découvrir au Japon l'un des musiciens les plus singuliers de l'après-guerre. Chaque morceau, comme l'écrit Kiichi Takahara, directeur de la maison de disques, dans les notes de pochette du disque (traduites ici pour la première fois), n'est pas une chanson mais incarne un « être humain en chair et en os », à travers les cris bruts et gutturaux qui allaient devenir la marque de fabrique d'un son incomparable.
Le Japon des années 1970 est marqué par un profond désir d'authenticité dans un contexte de saturation télévisuelle et médiatique. Tomokawa est apparu sur la scène comme un musicien ayant « la personnalité d'une bombe à hydrogène », selon l'expression de son collaborateur régulier Toshi Ishizuka. Dans une interview extensive incluse ici, les membres du célèbre groupe gauchiste Zunō Keisatsu (Brain Police) évoquent un homme entouré de gens « insipides » et « superficiels » qui nous livre « la vraie vie, sans fard ». Ces chansons sont des berceuses pour les perdus, qui regardent non pas dans le vide mais – comme le déclare la quatrième piste – de l'intérieur.
Finally, His First Album est le premier des trois disques de Tomokawa à être réédité par les éditions Blank Forms en même temps que la sortie aux États-Unis des mémoires de Tomokawa,
Try Saying You're Alive! qui est la toute première traduction anglaise de ses écrits. Ce premier album capture les lignes caractéristiques que Tomokawa allait affiner au fil des décennies. Plusieurs morceaux sont interprétés dans son dialecte Akita natal, une langue vernaculaire très localisée du nord du Japon, rarement entendue en dehors de la préfecture et encore plus rarement dans la musique. Les textes de Tomokawa révèlent une profonde intériorité dans les rituels de la vie quotidienne, et sont chantés sur des arrangements folkloriques dépouillés d'accords sobres et mélodiques – prélude aux styles rock et électroniques qui suivront. S'autoproclamant « cadavre vivant », Tomokawa se débat, chuchote, crie, pleure et, à travers ses doutes existentiels, il demande à être écouté.
Kazuki Tomokawa (né Tenji Nozoki en 1950 dans la préfecture d'Akita au nord du Japon) est un musicien, chanteur, artiste et poète japonais prolifique,
l'un des pionniers de l'acid-folk,
actif sur la scène musicale japonaise depuis le début des années 1970, compagnon de route de musiciens tels que
Kan Mikami,
Keiji Haino ou encore Motoharu Yoshizawa. Il a enregistré plus de trente albums.