Une rétrospective des dix dernières années du travail graphique et sculptural (peintures, dessins, sculptures en verre soufflé, pièces textiles, céramiques…) de l'artiste sarde installé en France, dont l'œuvre très incarnée est centrée sur la question de la mémoire, de l'archéologie et du sens de l'Histoire. L'ouvrage, qui constitue une introduction complète à sa pratique, met en lumière sa contribution majeure à la reconstitution d'un imaginaire transméditerranéen.
Sans commencement et sans fin est le catalogue accompagnant l'exposition de l'artiste Michele Ciacciofera au Musée d'art contemporain de la Haute-Vienne-Château de Rochechouart en 2021. C'est aussi une « archive de métamorphoses » témoignant d'une œuvre polymorphe et en constante évolution.
Documentant les dix dernières années d'activité de l'artiste italien, l'ouvrage met en lumière sa contribution majeure à la reconstitution (et la revendication) d'un imaginaire transméditerranéen. Son expression visuelle et poétique s'étend à de nombreux domaines tous abordés par Ciacciofera ; qu'il s'agisse de pratiques ou de formes liées à l'artisanat et au théâtre populaire, à l'architecture millénaire, à des concepts mythologiques, à des codes symboliques, voire ésotériques.
Des signes distillés sur un chemin multipistes, dérivant entre les ports de Sicile, les montagnes du Rif et les vestiges de Tyr. Au cours de sa vie Michele Ciacciofera a sillonné la terre entière, guidé par le tropisme « des » Sud et cultivant l'esprit du cosmopolitisme. Ses pérégrinations paradoxalement « habitées » sont autant d'occasions de s'immerger dans un écosystème et de laisser son processus de création s'hybrider à son contact. Elles résonnent anachroniquement avec les multiples invasions qui ont façonné la terre natale de l'artiste, celle qui est au carrefour de toutes ses dérives, la Sardaigne : grecque, romaine, arabe, carthaginoise, espagnole… Tous les voyages de Ciacciofera reflètent le rite initiatique permanent des multiples sites archéologiques visités, pierres sondées, alphabets déchiffrés, qui émaillent de leur présence fantomatique les œuvres de l'artiste. Il crée à la manière d'un archéologue qui ayant examiné une infinité d'objets en toute matérialité, se résout finalement à la recherche de leur aura perdue, plutôt que leur existence purement tangible.
Publié à l'occasion de l'exposition éponyme au Musée d'art contemporain de la Haute-Vienne-Château de Rochechouart, du 5 mars au 13 septembre 2021.
Né en 1969 à Nuoro, en Sardaigne, Michele Ciacciofera s'installe à Palerme où il grandit et obtient un diplôme universitaire en sciences politiques. Il retourne ensuite en Sardaigne pour un apprentissage auprès du peintre et architecte Giovanni Antonio Sulas. Il a vécu et travaillé à Syracuse, en Sicile, depuis 1990, et à Paris depuis 2011, où il vit et travaille actuellement.
Ciacciofera a toujours été intéressé par la relation entre l'existence humaine et le monde naturel. Utilisant une variété d'approches artistiques, dont l'installation, la sculpture, la peinture, le dessin, le théâtre, la vidéo et le son, il combine librement les médias et les méthodes dans son exploration de la nature, de l'histoire, de la mythologie et de l'humanité. Le matériau de ses recherches commence souvent par un lien trouvé dans les courants croisés des langues, de leurs littératures et de leurs histoires, par exemple, les voyages en Sicile de J.W. Goethe qui ont inspiré une collection intitulée « Sicilian Journey » qui a fait le tour de l'Europe et des États-Unis. Il fait constamment appel à sa formation en sciences politiques, à son vif intérêt pour l'environnementalisme et à sa fixation sur la mémoire individuelle, en s'appuyant sur la recherche, l'activisme et sa propre réalité subjective pour créer des expériences poétiques.
Il a obtenu la bourse de la fondation Civitella Ranieri NYC pour les arts visuels en 2015-16. Son travail a notamment été présenté au Museo Marino Marini (Florence) en 2020, à la 57 Biennale de Venise et à la Documenta 14 (Athènes et Kassel) en 2017.