Mehdi Belhaj Kacem et Bernard Stiegler échangent à propos de ce qui les lie à la philosophie.
Rarement les philosophes dont la formation s'est faite à l'écart de l'université se sont entretenus. Le temps d'une conversation Mehdi Belhaj Kacem et Bernard Stiegler se sont prêtés au jeu, échangeant à propos de ce qui les lie à la philosophie. Inévitablement, la mort tragique de Bernard Stiegler, survenue un an plus tard, donne à lire ce texte avec un regard affecté. L'enthousiasme des échanges nous fait sentir le mouvement vivant de ces philosophies à l'œuvre.
En effet, bien que les œuvres de ces deux auteurs soient singulières, l'une et l'autre procèdent d'une même exigence qui les place au centre de la tradition philosophique : produire un système conceptuel qui donne à penser la nouveauté de la situation historique. À quoi bon la cohérence d'une philosophie qui ne nous dirait rien de ce qu'est devenu le monde ? Que vaudrait l'abstraction conceptuelle si celle-ci n'était pas au service de la compréhension de ce qui nous transforme ? Ainsi, les deux auteurs nous appellent à ne pas oublier : l'enjeu de la philosophie n'est pas la philosophie. Cette exigence critique, la présente conversation la réfléchit à bras le corps, non sans détours et tourments, mais avec franchise et esprit de liberté.
Bernard Stiegler (1952–2020) est un philosophe français. Les enjeux des mutations sociales, politiques, économiques, psychologiques – portées par le développement technologique et notamment les technologies numériques, sont au centre de sa pensée. Fondateur du groupe « Ars industrialis », il a dirigé l'Institut de recherche et d’innovation (IRI) qu’il a créé au sein du centre Georges-Pompidou, ainsi que l'Institut de recherche et coordination acoustique/musique (IRCAM).
Né en 1973, Mehdi Belhaj Kacem entre précocement sur la scène littéraire française avec entre autres ses romans
Cancer (Tristram, 1994) et
Vies et morts d'Irène Lepic (Tristram, 1996). Acteur pour Laetita Masson (
En avoir ou pas, 1995), il sera choisi comme premier rôle par Philippe Garrel (
Sauvage Innocence, 2011). Son passage remarqué à l'écriture
philosophique, avec
Esthétique du chaos (Tristram, 2000), et
Society (Tristram, 2001) l'amènera à l'élaboration d'une pensée de
L'esprit du nihilisme (somme publiée en 5 tomes entre 2007 et 2013). Ses derniers ouvrages comportent notamment
Inesthétique et mimèsis (Lignes, 2010),
Après Badiou (Grasset, 2011),
Être et sexuation (Stock, 2013),
Algèbre de la tragédie (Léo Scheer, 2014),
Transgression and the Inexistant (Bloomsbury Academics, 2014) et
Artaud et la théorie du complot (Tristram, 2015).
Mehdi Belhaj Kacem dirige la collection
Anarchies aux éditions
Diaphanes, qu'il a fondée avec
Jean-Luc Nancy.