Un manifeste programmatique provocateur et stimulant de Benjamin Bratton qui promeut de nouveaux modes d'habitation (et d'artificialisation) de la planète, face à la crise
environnementale, économique et sociale qui dément radicalement la possibilité d'une poursuite du modèle capitaliste mondialisé actuel.
Aucun retour à la nature, aucune zone autonome, ni aucune colonisation d'astéroïde lointain ne nous permettront d'échapper au saccage que le capitalisme consumériste impose aux populations défavorisées des divers Suds. Benjamin Bratton appelle à accélérer le processus de terraformation en mobilisant à l'échelle enfin planétaire les puissances du design, de la planification et de la computation. Son texte programmatique et provocateur est fait pour secouer notre vision trop confortable d'une écologie localiste et cousue-main, en prônant au contraire une automatisation tous azimuts qui ébranle nos conceptions de la politique comme de l'action. Une autre artificialisation du monde est-elle possible ? Souhaitable ? Évitable ?
Yves Citton est professeur de littérature et media à l'université Paris 8, a été directeur exécutif de l'EUR ArTeC de 2018 à 2021 et co-dirige la revue
Multitudes. Il est notamment l'auteur de
Faire avec. Conflits, coalitions, contagions (Les Liens qui Libèrent, 2021),
Générations Collapsonautes. Naviguer en temps d'effondrements (avec Jacopo Rasmi, Seuil, 2020),
Contre-courants politiques (Fayard, 2018),
Médiarchie (Seuil, 2017) et
Pour une écologie de l'attention (Seuil, 2014).
Grégory Chatonsky est artiste, chercheur à l'UNIGE et enseignant au sein de l'EUR ArTeC. Depuis les années 1990, il travaille avec le
Web et questionne les fictions sans narration qui émergent du réseau. À partir de 2001, il a commencé une série sur la dislocation, l'esthétique des ruines et l'extinction comme phénomène artificiel et naturel. Au fil des années, il s'est tourné vers la capacité des machines à produire de façon quasi autonome des résultats qui ressemblent à une production humaine. Ces problématiques sont devenues convergentes grâce à l'imagination artificielle qui utilise les données accumulées sur le Web comme matériau d'apprentissage afin de produire une ressemblance. Dans le contexte d'une extinction de l'espèce humaine, le réseau apparaît alors comme une tentative pour créer un monument par anticipation qui continuerait après notre disparition.
Lionel Manga est écrivain, a été lanceur d'alerte sur les enjeux écologiques avec sa chronique radiophonique Klorofil à Yaoundé, de 1992 à 1996. Actif dans le champ de l'art contemporain au Cameroun, il a publié
L'Ivresse du papillon. Ombres et lucioles dans le sillage des artistes (Artistafrica, 2008),
Hervé Yamguen, peintre, poète (Éditions de l'Œil, 2011).
Benjamin H. Bratton (né en 1968, Los Angeles, vit et travaille à La Jolla, San Diego) est un théoricien spécialisé en
philosophie, art et
design. Ses recherches associent les théories sociopolitiques, les médias et infrastructures informatiques ainsi que les méthodologies interdisciplinaires liées au champ du design.
Professeur de Visual Arts à l'University of California, San Diego et directeur du Center for Design and Geopolitics, il est également directeur de programme au Strelka Institute de Moscou, où il a lancé le programme tri-annuel
The Terraforming en 2019, qui réunit des chercheurs de toutes origines et de tous horizons pour esquisser des plans de terraformation, dont les résultats sont mis en ligne sur le site
theterraforming.strelka.com.
Outre de nombreux articles, il a notamment publié
The Stack. On Software and Sovereignty (MIT Press, 2015), qui a été partiellement traduit en français sous le titre
Le Stack. Plateformes, logiciels et souveraineté (UGA Éditions, 2019).