Un disque croisant deux voix majeures de la musique électroacoustique.
Beatriz Ferreyra et Natasha Barrett sont connues pour leur intense exploration du mouvement des sons dans l'espace. Ferreyra est à la pointe des développements en matière de musique acousmatique et de morphologie sonore depuis qu'elle a rejoint la petite équipe de chercheurs de Pierre Schaeffer dans ses expériences sur bande aux studios du GRM à Paris en 1963. Barrett s'est forgé une réputation internationale en tant que compositeur d'audio 3D sur systèmes de diffusion en Ambisonics.
Après son album de 2019,
Huellas Entreveradas, Beatriz Ferreyra revient avec une nouvelle œuvre majeure, S
ouvenirs Cachés (2021), un voyage libre à travers un mélange de sons typiques de la compositrice, un carrousel de sonorités vocales diffusés sur l'image stéréo, et rejoints par intermittence par des bourdonnements soutenus ou des plaintes éthérées et mélodiques, avec un soupçon de piano préparé. La flûte percussive et manipulée d'Hernan Gomez est omniprésente.
Innermost (2019) de Natasha Barrett a d'abord été composé à partir d'enregistrements naturels mais abstraits de deux événements populaires norvégiens en plein air. Le jeu de sons vocaux manipulés et d'échantillons de fanfare contextualise la musique dans l'acoustique ouverte d'un événement public. Barrett décrit la deuxième section comme un exemple de sa notion de « contrepoint spatial », où de nombreuses strates de sons manipulés s'attardent, se croisent et interagissent.
Le disque contient également
Murmureln (2003) de Ferreyra, une commande de pièce électroacoustique dansante. Les racines argentines de Ferreyra sont explorées dans une interprétation ludique d'une ancienne
Comparsita, faite de sons vocaux assemblés et de fragments échantillonnés de musiciens de tango Astor Piazzola, Anibal Troilo, Susana Rinaldi et Roberto Goyeneche.
Code de téléchargement inclus.
Beatriz Ferreyra (née en 1937 à Cordoba, Argentine) a fait des études de piano avec Celia Bronstein (Buenos Aires 1950-56), d'harmonie et d'analyse musical avec Nadia Boulanger à Paris (1962-63), puis s'est initiée à la musique concrète et électronique avec Edgardo Canton (GRM, France ; RAI, Italie, 1963) et a suivi des cours de composition avec Earl Brown et
György Ligeti (Darmstadt, 1967).
Elle a travaillé au Groupe de Recherches Musicales (GRM) du Service de la Recherche de l'ORTF sous la direction de
Pierre Schaeffer (1963-70). Pendant cette période, outre ses activités musicales et audio-visuelles, elle a collaboré à la réalisation du travail de recherche de Henri Chiarucci et Guy Reibel : « Le rapport entre la hauteur et la fondamentale d'un son musical », édité en mars 1966 dans la
Revue Internationale d'Audiologie, et à la r&alisation des disques du
Solfège de l'Objet Sonore de Pierre Schaeffer. Elle donne des cours du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, elle est alors responsable des séminaires interdisciplinaires du Service de la Recherche.
A partir de 1970, elle devient compositrice indépendante. Elle effectue des recherches instrumentales avec Bernard Baschet sur ses « Structures sonores » (1970), fait partie du Collège de Compositeurs du Groupe de Musique Expérimentale de Bourges (GMEB, 1975), est invitée au Département de Musique Electronique du Dartmouth College (Hanover, 1976) pour y effectuer des travaux sur ordinateur, et s'est intéressée à l'investigation et à la réalisation des œuvres appliquées à la musicothérapie (1973-77).
Depuis 1967, elle reçoit régulièrement des commandes d'œuvres pour concerts, festivals, ballets, spectacles et films. Ses œuvres sont jouées dans le monde entier.
En octobre 2014, elle reçoit le titre de Membre honorable de l'International Music Council (IMC).
Natasha Barrett (née en 1972 à Norwich, Royaume-Uni, vit et travaille à Oslo, Norvège) est une compositrice de musique électroacoustique. Elle a développé des recherches importantes sur les possibilités de la spatialisation sonore, notamment à l'Ircam, et des concepts comme le contrepoint spatial. Son œuvre se partage entre le purement acoustique et l'acousmatique, destinée autant au concert qu'à des installations artistiques.
Son travail a été récompensé par plusieurs prix et concours, parmi lesquels le Concours Luigi Russolo en 1995 et 1998 (Italie), le Prix Musica Nova Prague en 2001, le Concours international de musique électroacoustique de Bourges en 1995, 1998 et 2001, le Concurso Internacional de Música Eletroacústica de São Paulo en 2001, le 9th International Rostrum for Electoacoustic Music en 2002, l'Edvard Prize en 2004 (Norvège), le Nordic Council Music Prize en 2006, le Giga-Hertz Award en 2008 (Allemagne), ainsi que le Prix Ars Electronica (Autriche) en 1998 et 2017.
Natasha Barrett mène également une carrière d'interprète de musique électroacoustique aussi bien pour ses propres œuvres que pour celles d'autres compositeurs, et collabore régulièrement avec des artistes, des plasticiens, des architectes et des scientifiques.