Un inventaire d'étagères de seconde main et une somme photographique qui est un éloge de l'occasion.
« Cause départ constitue l'un des inventaires photographiques qui ponctuent la pratique de Babeth Rambault. Cultivant la mise à distance, l'artiste n'en propose pas moins la relecture d'une figure imposée de l'exposition, l'accrochage. Soit des images glanées sur les sites de petites annonces ; prises de vues d'étagères murales photographiées à la hâte par leurs vendeurs à bout de bras, à bout de doigts parfois. Dans une approche écartant l'esprit de sérieux, on lit un éloge de l'occasion, de la seconde main essentielle dans un monde qui déborde. S'illustre à répétition le touchant sans chichi, d'ingénieuses ou malhabiles combines comme autant de ressorts comiques. Mais au delà pointe aussi notre époque ; des corps, des choses, aux prises avec la gravité, la mobilité contrainte, les vies faites d'expédients comme autant de causes possibles. Et, jusqu'à l'ironie d'un renversement, le corps devient support, en place de l'étagère. Dans son travail Babeth Rambault envisage la photographie comme ce qui fait tenir ensemble sculpture, poésie et désillusion comique. Via une esthétique home-made, elle cultive un goût du simple où cohabitent des éléments considérés sans qualité. Avec détachement, l'artiste compose avec l'impermanence des choses, du tellurique au ménager. »
Emeric Hauchard-Mercier
Babeth Rambault (née en 1971, vit et travaille à Rennes) est diplômée des Beaux-Art de Bordeaux. Depuis 2008, elle dirige la galerie BIEN visible sur internet et dédié à l'art contemporain. Elle « perçoit ces moments où les usages quittent leurs rails et s'atomisent pour former une fission visuelle. Toutes ses œuvres évoquent des gestes-regards-divergents, ces gestes qui s'exécutent machinalement tout en pointant l'attention ailleurs et qui forment un langage qu'on ne saurait démêler sans perdre cette sensation évidente d'amas entre chose et geste, chose et langage, concentration et distraction. Ses sculptures intègrent objets et matériaux trouvés évoquant une association qui se serait formée entre le terrain vague et le cagibi ».