Une proposition visuelle et poétique qui revient sur les différents voyages et collaborations réalisés par Marco Godinho pendant la préparation de son installation pour le pavillon luxembourgeois de la Biennale de Venise 2019.
Publié dans le cadre de la participation nationale de Marco Godinho à la 58e Exposition Internationale d'art - La Biennale di Venezia en 2019, le livre See Another Sea est une proposition visuelle et poétique qui revient sur les différents voyages (détroit de Gibraltar, Tunis, Carthage, l'île Djerba, Trieste, Istrie, Lampedusa, Catane, Etna, Marseille, Nice, Vintimille...) et collaborations (avec des malvoyants, des migrants, des graphistes, une illustratrice, un acteur, un accordéoniste, un souffleur de verre, un distillateur, un créateur son et lumière, un architecte, un ferronnier...) réalisés par Marco Godinho pendant la préparation de l'installation Written by Water. Le poème See Another Sea compte autant de vers que la Biennale compte de jours d'exposition, à savoir 201. Dans le pavillon, le poème est révélé au public au jour le jour, de façon presque imperceptible, par fragements. Le poème, entre mantra et haïku poétique, refléte tout l'esprit du pavillon, qui, dans un souffle essentiel, tente de toucher à l'évanescence des choses en faisant appel à l'ensemble des sens.
Né en 1978 à Salvaterra de Magos (Portugal), Marco Godinho vit et travaille à Luxembourg et à Paris. Dans un esprit conceptualiste, il s'intéresse à la perception subjective du temps et de l'espace par un questionnement sur les notions d'
errance, d'exil, d'expérience, de mémoire et de
temps vécu.
« Sachant que l'époque des récits fondateurs, des manifestes, constructions théoriques, mythologies personnelles, tout ce qui avait pour objectif de soutenir de nouvelles définitions de l'art est depuis longtemps révolu, c'est par la façon dont un artiste aujourd'hui parvient à se forger une langue à partir de fragments de la légende ou de l'épopée des années 1960-70 que l'art contemporain comme pratique a pu succéder à l'art contemporain comme moment historique. Dans la diversité et le caractère foisonnant de sa production, Marco Godinho incarne à la perfection l'idée qu'être artiste aujourd'hui consiste à défnir des champs d'activité, à élaborer des logiques et des programmes qui obligent en retour à inventer des façons de faire. Les grands mots : temps, espace, travail, société... ne définissent pas des thèmes mais sont pris comme des matériaux, ceux auxquels chaque artiste doit se frotter et dont Godinho s'empare avec art, c'est-à-dire en ne détachant pas la pensée du faire. Aucun principe directeur, thématique ou formel, ne rattache ces vidéos où le regard s'abîme dans la contemplation d'objets usagés qui s'agitent indéfiniment à la surface de l'eau ou de bagages qui tournent sans fin, s'entrechoquant sur un tapis roulant et cette série de photos fondée sur un relevé systématique de la présence du signe de l'infini, en tout lieu. Quel rapport entre ces œuvres qui exposent un processus d'écriture, de dessin ou de mise en tension et ces autres qui reposent sur la simple observation ou sur le test ? Rien d'autre sans doute qu'une même façon de trouver à traduire son étonnement et de mettre à l'épreuve les codes et les représentations. Sans rien chercher à prouver, mais avec le désir et la volonté de voir apparaître soudain une réalité enfouie, ou quelque chose qui se révèle sans que l'on ait pu l'imaginer. »
Patrick Javault