Un autoportrait (le recueil des entretiens, correspondances et déclarations de Robert Breer sur une cinquantaine d'années).
Robert Breer A à Z est un autoportrait de Robert Breer. Sa vie et son œuvre sont présentées comme un lexique imaginaire, une forme que le cinéaste a toujours considérée comme emblématique de la vie elle-même, c'est-à-dire joyeuse, imprévisible et chaotique. Tiré d'entretiens, de correspondances personnelles et de déclarations publiques datant de 1957 à 2009, Robert Breer A à Z réunit en un seul volume les réflexions de l'artiste autour de ses films et ses multiples incursions dans la peinture, le dessin et la sculpture cinétique.
« Quand on sort dans la rue après avoir vu des films de Breer, tout a l'air différent, comme si on voyait tout à travers le prisme de l'artiste, qui nous donne à ressentir une autre notion du temps et d'autres types de rapports. Pensez à l'équilibre entre l'abstrait et le figuratif… à la manière dont les objets et les images se métamorphosent, se brisent, se dilatent, se dégonflent… à la manière dont les formes refluent du chaos pour s'y laisser à nouveau submerger. La vie quotidienne, quoi ! »
Amy Taubin, Soho Weekly News, 1980
« Il est intéressant de remarquer que dans un dictionnaire, les illustrations sont arbitraires et illogiques. Mais personne ne se plaint de cette absence de logique. On trouvera ainsi l'image d'une célébrité à côté de celle d'un canard, parce que les deux commencent par la lettre C. J'imagine que c'est un éditeur qui fait ces choix, qui sont sans rapport avec un quelconque sens visuel. Ce qui compte c'est l'alphabet, aller de A à Z, selon un ordre qui est tout aussi arbitraire. Les dictionnaires sont pris très au sérieux. J'imagine que les gens ne voient pas cet arbitraire comme une forme d'anarchie, pourtant c'est le cas. »
Robert Breer, 2006
Robert Breer (1926, Détroit - 2011, Tucson) a bâti en cinquante ans une œuvre totalement atypique, qui se joue des genres et abolit les notions d'espace et de temps. D'abord peintre néoplastique, il déconstruit ses tableaux pour aboutir à des objets
cinétiques. Son œuvre de
sculpteur et de
cinéaste l'emmène ensuite à interroger les seuils de conscience et de perception. Ses films défilent à des vitesses vertigineuses, en rafales d'images hétéroclites, quand ses
Floats (sculptures flottantes) se meuvent au sol presque imperceptiblement, suivant une logique aléatoire. Robert Breer impose au sein de l'underground
new-yorkais des années
pop son style fait de rigueur et de légèreté. Poursuivant son exploration subtile du mouvement, il n'a eu de cesse, tout au long de sa vie, de faire vaciller l'espace – irrémédiablement instable – du réel.
Une première rétrospective lui est consacrée au Whitney Museum en 1980. Une importante exposition itinérante lui rend hommage en 2011 (
Floats,
CAPC Bordeaux en 2010,
Robert Breer, a retrospective, Baltic Centre for Contemporary Art, Gateshead et Musée
Tinguely, Bâle, en 2011).