Création vidéo de l'une des figures majeures de l'art conceptuel en DVD (n° 6 dans la collection Import). Un travail sur le lien entre langage, temps et espace.
La vidéo Libertés et contraintes a été filmée et montée par Lawrence Weiner. Le titre nous
ramène à la déclaration faite par l'artiste en 1968 à l'attention de la revue Artnews, selon laquelle :
1/ l'artiste peut construire l'œuvre,
2/ l'œuvre peut être fabriquée,
3/ l'œuvre n'a pas besoin d'être
réalisée.
L'artiste a pris la liberté de réaliser cette œuvre vidéo, puisqu'il manie lui-même la caméra depuis un
bateau amarré le long du quai d'un dock situé au Nord d'Amsterdam, le Westerdoksdijk. Les plans,
quelque peu vacillants, donnent à voir sur fond de ciel et de nuages, à droite, une grue de bâteau et à
gauche, la tour de Blenheim, siège d'un important bureau d'avocats Hollandais.
Le matériau brut du langage s'inscrit à même l'image, ce qui situe Liberté et Contraintes dans le
prolongement de l'œuvre de l'artiste, qui a établi un lien durable entre le langage, sous sa forme écrite
et l'espace, le plus souvent architecturale et urbain. Ici, les modes d'apparition de mots et de phrases
renouvellent cette imbrication puisqu'ils interagissent non seulement avec l'espace mais aussi avec le
temps. Cette nouvelle “structure” de Lawrence Weiner est assortie d'effets de décalage et de
déséquilibre, conférant une tonalité comique. Comme l'indique cette phrase, défilant à reculons sur
l'écran, et si difficile à déchiffrer, qu'il faudrait l'ânonner : “WRONG GO CANT IT &”
Édition limitée à 500 exemplaires.
L'artiste américain Lawrence Weiner (1942-2021) est une figure historique de la génération de l'art conceptuel.
Le langage a été la matière première de ses sculptures depuis la fin
des années 1960.
Le principe de son œuvre est résumé par cette formule célèbre
de 1969 : « 1. L'artiste peut construire la pièce.
2. La pièce peut être fabriquée. 3. La pièce n'a pas
besoin d'être réalisée. Chacune de ces éventualités
se valant et étant conforme à l'intention de l'artiste,
le choix dépend de la décision du destinataire lors
de la réception ».
Ses pièces se présentent sous la forme
de statements, ou d'énoncés, écrits sur le mur en lettres
géantes. Décrivant de façon impersonnelle des actions
simples ou bien des matériaux, ces morceaux de phrase
engagent le spectateur dans une nouvelle relation
à l'œuvre qu'il ne s'agit plus de voir mais de concevoir.
En même temps, la typographie et la mise en espace
des groupes de mots composent une véritable partition
visuelle alternant lignes droites et brisées.