Un panorama complet de la pratique de l'artiste new-yorkaise.
Cette publication comprend un texte général de Julien Fronsacq, commissaire au
MAMCO, et deux essais consacrés à la relation entre le dessin et la sculpture dans la pratique de Rosemarie Castoro par
Laurence Schmidlin, spécialiste du dessin et historienne de l'art, et à son travail sur le langage et la poésie concrète par Sarah Lehrer-Graiwer, écrivaine et critique d'art. Une contribution de l'historienne de l'art Rachel Stella situe la vie et l'œuvre de Castoro dans son contexte historique. Des documents d'archives ainsi que de nouvelles vues d'expositions et images d'œuvres complètent ce volume pour en faire la monographie la plus complète disponible sur l'artiste.
Publié suite à l'exposition de Rosemarie Castoro au MAMCO, Genève, en 2019-2020.
Artiste américaine associée au courant minimaliste new-yorkais, Rosemarie Castoro (1939-2015), dans son loft de SoHo, côtoyant notamment
Lawrence Weiner,
Sol LeWitt, Agnes Martin,
Carl Andre et
Yvonne Rainer, a construit une démarche singulière et inclassable. Elle participe, par exemple, à l'exposition
Distillation organisée en 1966 par Eugene Goossen, chantre d'une peinture américaine affranchie de toute référence externe. Elle est aussi l'une des trois femmes présentes, aux côtés de Christine Kozlov et Adrian Piper, dans l'anthologie qu'Ursula Meyer consacre à l'art conceptuel à la fin des années 1960. Elle participe également aux célèbres expositions
Numbers de Lucy Lippard dans la même période. Lippard ne manque pas de la mentionner dans sa propre anthologie sur l'art conceptuel.
Traversant les derniers récits modernistes que sont l'art minimal et conceptuel, Rosemarie Castoro n'a de cesse d'explorer ce qui les excède : le contexte d'énonciation, bien sûr, mais aussi le corps en tant qu'instrument physique, enjeu psychologique puis social. Elle explore les possibilités de la peinture abstraite ou monochrome avant d'en étendre les modalités. Une extension formelle, vers l'espace du corps et l'espace même de l'exposition, une extension conceptuelle par le biais du diagramme et du langage. Elle porte le langage, alors employé à des fins structuralistes et réductionnistes, vers le poétique, elle corrompt les formes élémentaires par un traitement haptique, incorporé et sexualisé.Ayant participé aux réflexions de l'Art Workers' Coalition, elle envisage l'héritage moderniste en regard de questions sociales et politiques.
De 1965 à 2015, Rosemarie Castoro a élaboré une œuvre dont la contingence pourrait être le fil d'Ariane, signe d'une volonté de s'affranchir d'une rhétorique de l'absolu et de la permanence comme valeurs masculines. L'exposition, organisée en chapitres, offre un parcours rétrospectif de la pratique d'une artiste qui préféra la transgression et la métamorphose à l'orthodoxie et la progression linéaire.