Deux textes de Zoe Beloff, artiste new-yorkaise, pionnière dans le champ de « l'archéologie des
médias », dont les œuvres se situent à la croisée de l'art d'avant-garde, des cultures populaires et de la théorie critique.
Les deux textes présentés ici accompagnent deux projets distincts. Le premier, Dreamland : la Société psychanalytique amateur de Coney Island et son cercle, 1926-1972, porte sur une communauté fictive, basée dans un parc d'attraction. Son fondateur n'aurait eu de cesse, à travers des films, une bande dessinée et un projet de parc à thèmes, de tenter de figurer les théories de Freud. Le second, Les émotions vont au travail, cherche à saisir une mutation en cours, où l'investissement affectif que l'espèce humaine entretient avec les technologies numériques est converti en valeurs financières et stocké dans des nuages de données. Des manèges à sensations aux émoticônes, ce sont autant de techniques de distraction qui se dessinent et se dialectisent.
Née en 1958 à Edimbourg (Royaume-Uni), Zoe Beloff vit et travaille à New York. Elle a étudié la peinture et l'histoire de l'art à Édimbourg, en Écosse, et la production cinématographique à la Columbia University à New York. Dans ses œuvres, elle exploite des sujets tels que la relation entre le cinéma et le
paranormal, les technologies électromagnétiques et les philosophies modernes de la vie et de la mort. Zoe Beloff aime travailler avec des appareils obsolètes comme des vieilles caméras stéréoscopiques (où l'image est réalisée par deux capteurs optiques prenant une même scène à partir de deux points de vue légèrement distants et qui produiront un effet de relief). Selon elle, « la définition du médium constitue un pont entre deux univers » et elle se considère elle-même comme « une héritière des médiums du XIXe siècle dont les séances de matérialisation conjuraient des désirs inconscients d'une manière aussi théâtrale que possible ».
Les œuvres interactives et les films de Zoe Beloff ont été montrés dans de nombreux festivals et expositions du monde entier. Des CD-ROMs font aussi partie de la collection permanente d'art technologique et numérique du Centre Pompidou à Paris.