Une reconstruction du vaste réseau d'images et de textes qui donnent forme au totalitarisme fasciste italien.
Selon la thèse généralement admise, le fascisme italien aurait favorisé le pluralisme esthétique pour afficher son libéralisme et légitimer parallèlement la mise en œuvre d'une dictature implacable. Il se crée ainsi une aporie fondamentale puisque si la politique culturelle fasciste encourage la diversité et l'autonomie artistique, comment la distinguer de celle d'une démocratie libérale ? De surcroît, une telle hypothèse affranchit l'image de son rapport à l'histoire et désengage les artistes, les critiques et les historiens de l'art de toute contingence politique.
Le but de notre étude est de dépasser cette conception réductrice en s'appuyant non seulement sur les acquis de l'historiographie, mais aussi sur un vaste matériel textuel et visuel. Grâce à un minutieux travail de reconstruction de la réception esthétique des plus importants mouvements artistiques de la période fasciste (Novecento, Strapaese, le
futurisme, l'École de Rome, etc.), cet ouvrage redessine le rôle matriciel des images dans la radicalisation progressive du projet de révolution anthropologique au fondement de la funeste utopie fasciste.
« Voilà un livre novateur qui va faire sans doute discuter les historiens de l'art et les historiens du fascisme italien. Lucia Piccioni reprend à nouveaux frais un débat qui peut sembler secondaire mais qui intéresse pleinement la nature du fascisme, totalitaire ou non [...]. Ce beau livre, bien illustré, intéressant et stimulant, nous incite à reposer la question de l'art et du fascisme en tenant compte de l'historiographie la plus récente. »
L'Histoire
Lucia Piccioni est historienne de l'art. Après avoir été pendant quatre ans (2008-2012) chargée d'études et de recherche à l'Institut national d'histoire de l'art, elle a ensuite bénéficié de plusieurs bourses post-doctorales (Deutsches Forum für Kunstgeschichte, Paris ; Center for Italian Modern Art, New York ; Académie de France à Rome – Villa Médicis ; musée du Quai Branly – Jacques Chirac, Paris ; Marie Skłodowska-Curie, European University Institute de Florence). Elle mène des recherches notamment sur la culture visuelle et matérielle en œuvre dans l'invention de catégories raciales en Italie.