Catalogue de la première rétrospective internationale consacrée au peintre coloriste italo-brésilien : une exploration approfondie de sa vie et de sa carrière à travers sa relation au Brésil, son pays d'adoption, à la ville de São Paulo, et à la communauté artistique brésilienne.
Le Nouveau Musée National de Monaco (NMNM) présente la première rétrospective consacrée à Alfredo Volpi par une institution publique hors du Brésil. Ce grand peintre brésilien, né en 1896 à Lucca (Italie), est arrivé dès 1898 à São Paulo, lorsque sa famille s'installe dans le quartier italien de Cambuci. Alfredo Volpi est mort en 1988 à São Paulo.
L'exposition retrace l'ensemble de sa carrière, depuis les premières peintures à l'huile des années 1940 – paysages naturels et urbains pour l'essentiel – jusqu'aux œuvres des années 1950, 1960 et 1970 qui métamorphosent les mêmes sujets en compositions géométriques très colorées, archétypes oniriques de façades et de banderoles. Cet « algorithme » modeste et poétique permet à Volpi de créer d'infinies variations de tons sur le même thème.
Le NMNM expose plus de 70 œuvres qui relatent l'histoire de ce peintre indépendant et autodidacte, fasciné par les débuts de la Renaissance italienne, par Matisse, Morandi et la culture populaire, ce qui lui valut de remporter, avec Di Cavalcanti, le Prix National de peinture à la deuxième Biennale de São Paulo. Volpi suscita l'intérêt du célèbre critique anglais Herbert Read qui le décrivait comme un artiste « conscient du mouvement mais qui réussit à créer des œuvres contemporaines sur un thème local, celui des formes et des couleurs de l'architecture brésilienne moderne. »
Publié suite à l'exposition « Alfredo Volpi, La poétique de la couleur », Nouveau Musée National de Monaco, du 9 février au 20 mai 2018.
En 1898, Alfredo Volpi (1896-1988) émigre avec sa famille de Toscane à São Paulo. Dans les années 1910, Volpi commence à travailler comme peintre décorateur pour des commandes privées, activité qu'il conserva jusqu'au milieu des années 1930. Parallèlement, il commence à peindre en autodidacte ses premières toiles à l'huile, activité qu'il poursuit jusqu'à la fin de sa carrière, au milieu des années 1980. Ses premières peintures en plein air montrent déjà une observation attentive de la vie quotidienne dans les banlieues de São Paulo, source d'inspiration continue pour leur culture populaire, leurs paysages naturels et leurs vues urbaines. Malgré les grands succès obtenus au cours des trois dernières décennies de sa vie, Volpi reste réservé et concentré sur son travail.
À partir des années 1940, il commence à expérimenter la technique de la détrempe, faisant de plus en plus du mouvement du pinceau un élément visible et constitutif de la peinture. Son traitement de la surface plane se structure : les volumes s'aplatissent, la couleur répandue en couches fines et transparentes prend une valeur absolue. Malgré sa formation autodidacte, Volpi a révélé avoir absorbé les leçons du XXe siècle italien et de la recherche internationale : parmi ses références, Carlo Carrà, Giorgio Morandi, Henri Matisse et Paul Cézanne. Puis, en 1950, lors d'un voyage en Italie, Volpi découvre les œuvres de Margheritone d'Arezzo, Giotto et Paolo Uccello, qui lui inspirent des solutions spatiales suspendues et cristallines, comme dépourvues de gravité. Particulièrement lors de sa phase « concrète » à la fin des années 1950, Volpi transforme les vues urbaines typiques de sa production en syntaxe géométrique, développant tout au long des années 1960 et 1970 une synthèse unique entre tradition, modernité et motifs populaires. Ses célèbres drapeaux, étendards festifs des quartiers populaires de São Paulo, deviennent ainsi un pur motif géométrique qui permet à Volpi de créer d'infinies variations chromatiques et compositionnelles sur un même sujet.