En se fondant sur un corpus d'œuvres d'art connues et moins connues, l'auteure revisite les Beaux-Arts au XVIIIe siècle sous l'angle de la
représentation des Noirs, figures qui, non seulement, articulent savoirs anthropologiques et expériences esthétiques, mais aussi histoire du luxe métropolitain et histoire de l'esclavage colonial. Ce livre est fondé sur une recherche de plus de dix ans sur les formes qu'ont prises les figures de l'Africain et de l'Africaine dans l'art continental et colonial français d'avant l'imaginaire abolitionniste. Il couvre les cultures visuelles et artistiques qui vont de la fin du XVIIe siècle – à l'époque de Coypel, Mignard, Largillière… – quand les colonies antillaises commencèrent à percer dans le champ artistique métropolitain, au premier tiers du XIXe siècle – à l'époque de Girodet, Benoist et Léthière jusqu'à Géricault… – quand l'échec de la première abolition de l'esclavage (1802) durcit l'iconographie partisane, mettant la violence des vies dans les plantations à l'ordre du jour de la création artistique.
« Fruit d'une exigeante recherche de plus de dix ans menée par Anne Lafont,
L'art et la race est une réflexion dense et ambitieuse sur les représentations visuelles des Noir.e.s au XVIIIe siècle. Un objet d'étude dont l'approche inédite vient bousculer et stimuler la discipline de l'histoire de l'art en France. »
Diane Turquety,
En attendant Nadeau
«
L'art et la race, L'Africain (tout) contre l'œil des Lumières est un ouvrage indispensable et contribue à diffuser une réflexion d'autant plus nécessaire qu'elle permet de remettre les pendules à l'heure. »
Elvan Zabunyan,
Esclavages & Post-esclavages
« Dans un essai de grande ampleur sur la construction de la race dans les arts des Lumières, Anne Lafont traque de manière passionnante la responsabilité des images dans la naturalisation de la différence raciale et la justification de la colonisation [...]. Anne Lafont montre ici qu'il est possible de décoloniser le regard sur l'art, sans renoncer à tenir les fils d'une possible histoire commune, entre hier et aujourd'hui. »
Guillaume Mazeau,
La vie des idées
« Prolongeant ses travaux sur la représentation des Noirs en peinture au XVIIIe siècle, Anne Lafont publie un ouvrage décisif sur le sujet [qui] fait découvrir [cette présence africaine] grâce à des outils nouveaux, un corpus inédit et élargi, prenant largement en compte non seulement les tableaux mais aussi la culture objectale, matérielle et les discours, dans une démarche d'interdisciplinarité, et avec une nouvelle problématisation. C'est notamment celle-ci qui, s'agissant d'un sujet et de notions idéologiquement très marqués et difficiles à manier, est particulièrement remarquable [...]. Il faut finir par le plus évident peut-être pour celle ou celui qui ouvre le livre pour la première fois : le nombre et la qualité de reproduction des illustrations (plus de 150 dont une très large part en couleurs) qui ne contribuent pas peu à rendre sensible cette “présence noire” mise au jour par le discours de l'historienne. Dans une démarche toute dix-huitièmiste donc, Anne Lafont, à la façon d'un Richardson pour Diderot, noue avec son lecteur ou sa lectrice un véritable pacte sensualiste. »
Aurélia Gaillard,
Lumières
« Un ouvrage particulièrement intéressant, en ce qu'il examine en profondeur la relation extrêmement complexe entre la philosophie des Lumières et la représentation des individus d'origine africaine à la même époque. Sa force réside à la fois dans son envergure et sa profondeur, puisqu'il associe un large éventail de concepts philosophiques sur la race à une analyse détaillée d'œuvres peintes. »
David Bindman,
Revue de l'art
« Une contribution majeure de l'histoire de l'art français. »
Carla Francisco,
Annales. Histoire, Sciences Sociales
Troisième édition (2022).
Cet ouvrage a été primé par le Prix Littéraire Fetkann Maryse Condé 2019 (prix de la recherche) et par le Prix Vitale et Arnold Blokh 2020, pour « son actualité, son approche novatrice et engagée et son apport considérable à l'histoire de l'art ».
Anne Lafont est historienne d'art, directrice d'études à l'École des hautes études en sciences sociales.
Elle a étudié au Canada et en France avant d'être pensionnaire de la Villa Médicis. Elle a été ensuite maîtresse de conférences en histoire de l'art moderne à l'université Paris-Est avant de rejoindre l'Institut national d'histoire de l'art où elle a passé dix années. Elle est élue à l'EHESS en 2017 sur un projet intitulé Histoire de l'art et créolités.
Ses travaux ont porté principalement sur l'art des XVIII et XIXe siècles avec un intérêt particulier pour l'œuvre de la Révolution française et l'imagination picturale des nouveaux citoyens, les Noirs, à l'échelle des révolutions atlantiques. En parallèle, elle a initié des recherches sur la question des savoirs naturalistes et anthropologiques en lien avec les cultures visuelles du voyage, de l'expédition scientifique et du cabinet de curiosités (
L'artiste savant à la conquête du monde moderne, 2010 ;
1740, L'abrégé du monde, 2012) mais aussi des travaux sur les écrits des femmes sur l'art autour de 1800 (
Plumes et pinceaux. Discours de femmes sur l'art en Europe, 2012). Son travail s'oriente désormais vers l'art des Antilles françaises pendant la période coloniale et, d'une manière générale, sur les arts et les cultures de l'Atlantique noir.