Ce que raconte ce récit, c'est la guerre. Mais une guerre fragmentée, qui explose à chaque page en de multiples éclats de vie. Chaque page est extrait d'une guerre qui se poursuit et s'éparpille dans les pages suivantes comme par effet de scissiparité. Le lecteur est assailli petit à petit par tout ce qui fait la guerre : les mouvements les corps les odeurs les matières les sons… et ce qui est certain, c'est qu'ils ne sont guère épais, les figurants de cette guerre ! Ce texte est construit de jeux avec les mots, de syncopes et d'agglutinations charnelles, utilise des méthodes textuelles exprimant la multiplication, la brièveté, la rapidité. Ce qui s'opère par ces stratégies scripturales, c'est une incarnation de la langue : ici la chair des mots est aussi entamée et atteinte que la chair des corps en but aux conflits armés. Malgré la dureté douloureuse de ce texte, pointe malgré tout de l'humour, toujours, en ultime hommage à ceux qui vivent… en ultime hommage à la vie…
Michel Robic (né en 1943 à Cherbourg, vit et travaille à Londres) vient faire à Paris des études (sciences po, histoire de l'art et anglais) que de mauvaises fréquentations l'amènent à négliger au profit de l'écriture. En 1964, il publie
Livres des pirates, ouvrage salué par une partie de la critique et honni par le reste (redécouvert par Mathieu Bénézet, ce livre sera réédité dans une nouvelle version en 2005). Il quitte la France en janvier 1968 et, après quelques aventures et mésaventures de goût plus ou moins oriental, revient en Europe en 1971 et se fixe à Londres, où il vit depuis. Il effectue de nombreux voyages, notamment en
Inde, pays natal de son épouse. Passionné de
musique(s), il a écrit (en anglais) sur la tradition classique de l'Inde du Nord et entrepris un travail de recherche sur certains aspects des œuvres ultimes de
Luigi Nono.