Reprint de la première anthologie dada (Erich Reiss Verlag, Berlin, 1920 ; Champ Libre, Paris, 1980), avec les chroniques zurichoises de
Tzara, des manifestes et des documents.
L'
Almanach dada paraît à Berlin, été 1920, après l'exposition internationale dada de juin qui fut l'apogée et la chute du club
dada berlinois : un procès, pour insulte à l'armée, condamna les organisateurs.
Huelsenbeck, qui proclama le premier manifeste dada Berlin en 1918, dès son retour de Zurich (où il participe à la fabrication de dada avec
Arp,
Ball et
Tzara), édite cette anthologie historique en allemand et en français : ce fut l'unique panorama international édité à cette époque. On y trouve, en particulier, la célèbre chronique zurichoise de Tzara qui brosse le tableau endiablé de la naissance de dada à Zurich.
En 1966,
Dick Higgins, associé à l'aventure
Fluxus, fondateur à New York des éditions Something Else Press, republie en fac-similé l'ouvrage de 1920. En 1980, une nouvelle édition fac-similé paraît à Paris, aux éditions Champ Libre, avec tous les textes et notes en bilingue, comme une sorte de double, inversé. En 2005, cette édition historique est reprise aux Presses du réel, dans la collection
L'écart absolu.
Ce livre montre en quoi dada est synonyme d'insoumission, de désobéissance civile et de refus global des compromissions, pourfendant tous les -ismes et les diverses casquettes idéologiques. Pluriel, nomade, international (Zurich, Berlin, Paris, Bruxelles, Amsterdam, Anvers, Cologne, New York, Prague, Budapest, Vienne, Bucarest, Belgrade, Varsovie, Moscou, Tokyo, Milan…), dada est sans drapeau, sans uniforme, singulier et volontairement idiot dans un monde absurde, encore et toujours absurde. Un éclat de rire dans le cauchemar mondial. Diogénique, rabelaisien, ubuesque et bouddhique burlesque.
Les presses du réel ont déjà publié, en 2000, l'essai de Richard Huelsenbeck,
En avant dada - L'histoire du dadaïsme (Berlin, 1920), en 2002, l'anti-roman de Carl Einstein,
Bébuquin ou les dilettantes du miracle (1912), un récit absurde et hilarant (il dirigera avec George Grosz, en 1919 à Berlin, le journal satirique Der Blutige Ernst, vite interdit), et
Sensorialité excentrique du dadasophe berlinois Raoul Hausmann, son ultime essai théorique de 1970, un approfondissement de sa vision énergétique de dada au-delà du dada historique.
En publiant, en 2005, la
chronique zurichoise (1916-1917) d'Hugo Ball, fondateur du Cabaret Voltaire et de Dada, une autre version que celle de Tzara est proposée : une perspective spirituelle et novatrice de l'auteur de la première
biographie d'Hermann Hesse (publiée aux Presses du réel en 2000).