Première monographie consacrée à Nicolas Milhé, mettant en avant les préoccupations esthétiques et politiques de l'artiste français à travers deux séries d'œuvres qui questionnent le vocabulaire formel et symbolique de la République. Avec des textes de l'historien Olivier Christin, de l'architecte Eric Lapierre et du musicien
Julien Perez.
Nicolas Milhé négocie en permanence la position d'un travail qu'il veille à maintenir entre deux points de tension, politique et esthétique. La première monographie qui lui est consacrée,
V revient sur deux séries d'oeuvres emblématiques de l'artiste,
RESPUBLICA (2009) et les affiches de campagne et peintures monochromes de la Vème République (2013). Avec les textes d'un historien des institutions (Olivier Christin) d'un architecte (Eric Lapierre) et d'un philosophe et chanteur pop (Julien Perez),
V analyse et déconstruit le vocabulaire formel et symbolique de la République pour cerner les derniers lieux où s'exprime encore la chose publique.
La grande installation
RESPUBLICA soulève une question centrale, qui rejoint les interrogations des philosophes, des historiens, des politistes sur les formes de la société politique, la nature du gouvernement, la question de l'
espace public, de sa monopolisation, de son appropriation ou, au contraire, de sa libération.
La succession des affiches de candidat à l'élection présidentielle nous dit aussi quelque chose de l'étrange paradoxe au coeur des Républiques et des démocraties modernes qui font s'opposer brutalement mais aussi se succéder sans accroc des présidents et chefs de gouvernement. Les peintures monochromes oscillant dans une gamme de bleus « républicains » font face aux affiches de campagne où les candidats, affublés d'un troisième oeil doré par un processus de pression à chaud sur les pages mêmes du livre, semblent avoir été fossilisés en pleine période électorale sous des couches de vernis selon le procédé de passage au tampon, autrement appelé
French polish.
Nicolas Milhé (né en 1976 à Bordeaux, vit et travaille à Paris) revendique un regard acéré et critique sur une société contemporaine dont il dénonce les propensions au repli et les systèmes de protection érigés en mode de vie. Spécialiste de la manipulation des signes et des insignes du pouvoir, ses œuvres ouvertement
politiques ne délivrent jamais pour autant de message frontal et unilatéral.